Dans son second long-métrage (après Blind pig who wants to fly), Edwin présente une jeune fille au destin atypique en deux ou trois périodes distinctes. On la voit d'abord gamine, perdue dans le zoo où elle va grandir, en compagnie des animaux. Arrivée adulte, elle ne connaît d'humains que les gardiens et les passants parcourant sa maison d'adoption. Son existence évolue alors vers d'autres collectifs, avec un atterrissage soudain aux côtés d'un magicien, puis dans un salon de massages. Quelques clients défilent vers la fin ; autant d'extraits insignifiants, accordés à l'ensemble.


Ce film indonésien sur-joue la langueur et la confiance dans l'expectative, se passant d'enjeux clairs et quasiment de scénario, voire de sens de la continuité. Son langage est visuel, part des sentiments ou d'impératifs concrets pour s'envoler vers la rêverie éveillée – avec un certain succès, le soin technique permettant à quelques instants voulus magiques d'être entendus. La fille (Ladya Cheryl) est absorbée par son paradis 'originel' et collabore avec le reste du monde par nécessité – toute la seconde moitié est une série d'images pendant l'intégration de façade. Ce refus placide de la vie normale, de la société, peut servir de base à de grandes rencontres, inviter à plonger dans un récit radicalement subjectif, ou même à voir la réalité avec une candeur décalée (comme dans Bad Boy Bubby).


Ici nous sommes à des années-lumières d'un tel décollage. La mise en scène refuse de pénétrer le sujet, de laisser éclore des personnages mais aussi s'épanouir des situations. Au niveau matériel et sonore, l'exercice est répétitif, surtout lorsqu'on cadre les clients du zoo. Forcément le film est quasiment sans paroles, sauf pendant une scène de consignes aguicheuse ; c'est le seul moment joyeusement trash ou racoleur (assez lâche dans le genre), contrairement à Blind pig qui allait plus vertement dans le burlesque de paumés comateux. Grâce à quelques captures auprès des animaux et à la fluidité du non-récit, on ne sent pas trop passer le temps sacrifié. Ce voyage décousu avec poussées documentaristes a été sélectionné au 62e festival international du film de Berlin (févier 2012).


https://zogarok.wordpress.com/2017/03/30/postcards-from-the-zoo/

Créée

le 30 mars 2017

Critique lue 334 fois

1 j'aime

Zogarok

Écrit par

Critique lue 334 fois

1

Du même critique

La Haine
Zogarok
3

Les "bons" ploucs de banlieue

En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...

le 13 nov. 2013

51 j'aime

20

Kirikou et la Sorcière
Zogarok
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

le 11 févr. 2015

48 j'aime

4

Les Visiteurs
Zogarok
9

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2