En voyant le casting, Brit Marling, Tom Schilling, Jack Huston, normalement relativement habitués aux films indés, je ne m'attendais absolument pas à ce genre de film. L'affiche du film aurait du me mettre la puce à l'oreille. Au départ tout semble rouler, Brit Marling fait une analogie sur les abeilles, entame le film par une phrase un peu mystérieuse, très bien. Et puis bien vite, on se retrouve dans un film un peu hybride, entre l'indé loupé, la satire et la romcom niaiseuse. Attention, je ne dis pas que rien ne fonctionne, mais ça reste décevant.
L'esthétique est plutôt réussie, utiliser Berlin comme toile de fond de la scène bobo-intello-arty sert le film efficacement, quelques répliques par ci par là pourraient être intéressantes et le sujet lui même pourrait même l'être. Le but ici est de tourner en dérision le monde de l'art qui peut faire et défaire un artiste sans trop de rapport avec la qualité de son travail, sans considération pour l'art lui même mais pour l'histoire qui se cache derrière. Mettre en scène un artiste sans le sou qui combat, et sort victorieux, de ce système, aurait pu être intéressant. Pour autant, le parti pris est trop faible, le personnage de Jack Huston (l'artiste donc) n'a pas loisir d'assumer le subterfuge qu'il décide lui même de monter, lui qui est au départ cynique se retrouve à tenter de se justifier à sa belle au bout de 10 minutes : "I need to tell you something", confession évidemment interrompue par la sonnerie de téléphone de celle-ci, juste après une diatribe contre la virtualisation des échanges et le manque d'authenticité des contacts humains. Bref, c'est cliché et on ne comprend plus bien quelle est la position tenue. Un réalisateur indé aurait assumé la relative "noirceur" de son personnage.
En fait, même le jeu de Brit Marling est faiblard, elle apparaît niaiseuse alors même que son personnage se veut être celui de la femme indépendante mais un peu paumée que l'on peut retrouver dans les films de Woody Allen par exemple. Tom Schilling ne sert foutrement à rien, on a un peu l'impression qu'il a été incorporé au film pour la patte indé berlinoise qu'il a acquis par 'Oh Boy'. Bref, le film semble tâtonner entre un mauvais, très mauvais Terrence Malick, et un mauvais Woody Allen.
Alors bien sûr, on ne s'ennuie pas vraiment, ça se regarde tout à fait comme une romcom comme une autre, la BO relève un peu le film avec The Album Leaf ou Asaf Avidan mais compte tenu de l'intrigue et du casting (et une fois l'affiche du film mise de côté) on attendait autre chose, pour moi, le pari n'est pas vraiment tenu et l'on sort bien plus frustré d'avoir presque touché ce qui aurait pu être un bon film. En fait, on se dit juste que la réalisatrice n'a pas assumé ses choix initiaux et n'a pas pris assez de risques, c'est presque comme si elle avait "romcomisé" un bon scénario originellement indé. Dommage !