Poulet aux prunes par Vincent Bruneau
Ce film de 2011 est une co-réalisation de Marjane Satrapi et de Vincent Paronnaud qui avaient déjà travaillé ensemble pour la réalisation de Persepolis, le film d’animation polémique sur l’Iran récompensé aux Césars et à Cannes en 2007.
L’histoire de Poulet aux Prunes se déroule en 1958 à Téhéran, même si le film a été tourné en grande partie à Berlin. Ce dernier met en lumière Nasser Ali Khan (Mathieu Amalric) un très grand violoniste, reconnu et apprécié dans le monde entier. Certains disent même de lui qu’il fut le plus grand violoniste de son époque. Cet homme aime tellement la musique qu’il en délaisse même sa famille au profit de son art. C’est alors qu’un jour, sa femme, Faringuisse (Maria de Medeiros, la femme de Butch, joué par Bruce Willis, dans Pulp Fiction), excédée par l’attitude laxiste et audieuse de son mari, qui ne l’a jamais aimé, décide de lui briser son violon. Nasser Ali va alors se faire une raison, essayer de retrouver un autre violon, mais en vain. En effet, ce violon cache un lourd secret, celui d’un amour impossible, le même qu’il ne peut accorder à sa femme. Sa vie est alors à l’image de son violon : brisée.
Ici commence l’histoire concrête du film. Dieu a mis 7 jours pour créer le monde, Nasser Ali s’en est donné 8 pour le quitter. Le problème, c’est que ce dernier n’est pas très courageux et le suicide lui semble trop difficile, trop violent ou encore trop douloureux. Une seule option s’offre alors à lui, attendre la mort patiemment dans son lit. Vient alors le temps pour lui de faire le bilan sur sa vie en se lançant dans de profondes rêveries aussi mélancoliques que joyeuses.
« Ce jour là [celui de son enterrement], tous ceux qui l’avaient aimé étaient présents ». Retenez cette phrase qui trouve tout son sens à la fin du film.
Ce long métrage est un véritable régal. La musique est fantastique, les décors sont exceptionnels et l’esthétique globale est très séduisante. Rajoutez à cela le génie de Mathieu Amalric, la folie douce de Maria de Madeiros et deux appartitions très remarquées de Jamel Debbouze, le tout compté par la voix délicate d’Edouard Baer (qui apparaît dans ce films sous les trait d’Azraël, l’ange de la mort) et vous obtenez un vrai bon moment de cinéma.
Contrairement à ce que la bande annonce peut laisser sous-entendre, il s’agit bien plus ici d’un drame que d’une comédie, même si l’humour est bien présent. De l’humour noir assurément et certaines situations cocasses en prime.
D’autre part, ce film ne cherche pas à faire de la politique, contrairement à beaucoup de film d’inspiration iranienne qui tournent très souvent autour des conflits qui perdurent là-bas depuis des dizaine d’années. N’ayez donc pas peur de regarder ce film si cet aspect politique et malheureusement souvent trop moraliste vous rebute.
Enfin si vous avez envie de voir un film qui sort des sentiers battus, un film d’amour et de haine qui mélange humour, violence et poésie, mais aussi un film d’auteur très accessible, alors ce film est fait pour vous.
Vous l’aurez une nouvelle fois compris, j’ai plaisir à faire la critique de films que j’aime et ce dernier en fait parti. Je regrette juste le quasi anonymat avec lequel il est sorti dans les salles.