Power Avengers
Avoir un reboot de la saga Power Rangers en 2017, et qui est en plus parti pour avoir plusieurs suites, à quelque chose de très bizarre mais au final de pas si surprenant. On avait déjà eu la même...
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le 7 avr. 2017
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Alors là, jamais je n’aurais pensé avoir autant de mal à faire une critique d’un film Power Rangers. Car, rien qu’avec le titre et l’univers peu sérieux de ce sentai japonais, il fallait s’attendre à un blockbuster pétaradant et en tout point débile à souhait. Le genre de nanar à gros budget qui peut assurer le spectacle lors d’un visionnage mais qui s’oublie très vite au risque d’avoir son cerveau fondu après autant ridicule, assumé ou pas. D’autant plus que l’ensemble s’est retrouvé entre les mains d’Haim Saban, producteur de la série officielle, qui a pour le coup décidé de relancer la franchise mais cette fois-ci sur grand écran. Mais contre toute attente, au lieur d’être le navet prévu, Power Rangers est parti dans une toute autre direction, faisant de lui un long-métrage que l’on aurait tant voulu apprécier mais qui s’est retrouvé bâclé par beaucoup trop de maladresses.
Le problème principal provient sans aucun doute de la folie des grandeurs de son géniteur qui, avec ce reboot, a voulu lancer une saga de plusieurs opus (6 suites seraient déjà programmées !!) qui soient dans la même veine que les films de super-héros actuels. Et tout cela en prenant l’entreprise le plus sérieusement du monde ! Mais attendez, cher Monsieur Saban… prendre Power Rangers au sérieux ? Ce n’est pas possible ! Et pourtant, c’est dans cette optique que ce film a été fait. Ce dernier désirant rendre une mythologie vide de sens aussi exceptionnelle que n’importe quelle œuvre culte. Il suffit de voir la séquence d’introduction pour se rendre compte que quelque chose cloche : la préhistoire, dans un cadre sombre et apocalyptique où règnent la souffrance et la mort, et dans laquelle on parle d’extra-terrestres, de Rangers, de puissance, de cristal et « d’envoyer un météore aux coordonnées indiquées ». Ou encore l’apparition du Megazord : au ralenti, de manière iconique, pour finalement le faire tomber illico presto à cause de la mauvaise coordination des héros et de conclure la bataille par une danse de la victoire. En bref, Power Rangers tente de faire la part à un ton des plus sérieux et un énorme délire totalement assumé. Mais comme les deux cas de figure ne vont pas ensemble, le spectateur se retrouve avec un produit pour le moins étrange.
Le scénario en est le premier touché par ce mélange bancal. Dès le départ, il était improbable d’attendre quoi que ce soit d’un tel film. Surtout venant d’une adaptation Power Rangers. Et pourtant, en plagiant outrageusement Chronicle, le long-métrage met en avant des personnages pour que l’on s’intéresse à eux, à leur background. Afin que l’on s’y attache et que l’on adhère à leur imminente cohésion. Allant même jusqu’à parler de thématiques, certes anecdotiques aux vues de l’ensemble, mais au combien inattendues et matures dans ce genre de divertissement (l’autisme, l’homosexualité, la maladie d’un être chère…). D’autant plus que certains passages ont du cachet, comme celui du feu de camp où nos héros se dévoilent l’un à l’autre. Mais au milieu de tout cela, nous avons droit à de la débilité pleinement assumée venant interférer avec tout cela. Si cela peut marcher car reprenant l’esprit grotesque Power Rangers (« où est le Cristal Zéro ? » « Au restaurant Crispy Cream ! »), l’abrutissement de mauvais goût est bien trop souvent là au point de faire perdre au côté sérieux sa crédibilité. La faute à d’ignobles répliques (« Trop ouf, j’ai vu un truc ouf !! »), des personnages d’une crétinerie absolue et un humour parfois incompréhensible (le coup des bonnes sœurs) pour ne pas dire lourdingue (notamment à cause des personnages de Billy et d’Alpha 5). Et le pire, que cela fonctionne ou pas, on peut mourir de rire devant autant de n’importe quoi, c’est pour dire !
Même du côté du casting, ce mix se remarque. D’une part, nous avons nos cinq jeunes qui en font soit trop, soit pas suffisamment. Comme dans tout teen movie qui se respecte, en somme ! Surtout Dacre Montgomery ou encore RJ Cyler, véritables têtes à claques. Ou encore Naomi Scott, qui ne parvient à aucun moment à rendre son rôle attachant. À vouloir jouer la carte du sérieux sans en avoir le talent et dérivant brutalement vers l’humour bas de gamme, les jeunots n’arrivent pas à impressionner l’assistance. Par contre, il faut se tourner vers les célébrités du film que sont Bryan Cranston et Elizabeth Banks, qui ont compris dans quoi ils mettaient les pieds, abusant à fond du surjeu. Parce qu’on est dans Power Rangers et qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Mention spéciale d’ailleurs à Banks, qui interprète l’antagoniste avec tellement de d’exagération qu’on a l’impression qu’elle est sortie tout droit de la série. Ce qui respecte amplement l’esprit de cette dernière.
En parlant de cela, il faut bien avouer que le film reprend comme il se doit ce qui faisait le sel du matériau de base. À savoir – au risque de me répéter – la crétinerie assumée mais aussi les arts martiaux, les fameux Zords aux formes d’animaux préhistoriques, la structure scénaristique (qui se termine par l’affrontement avec un monstre géant)… mais en prenant soin de tout moderniser. Et là encore, même si le film part sur de bonnes intentions, la sauce prend bizarrement. Car pour un film Power Rangers, il est quasiment inconcevable d'attendre 1h30 avant qu’une véritable séquence d’action éclate. Cependant, quand ce moment arrive, c’est un festival d’explosions et de destruction qui s’offre à nous. Mais encore une fois, nous avons des Rangers qui usent plus de leurs Zords – ayant plus l’allure de mauvais Transformers qu’autre chose – que de leurs poings. C’est suffisamment spectaculaire et énergique pour divertir, à défaut de proposer des effets spéciaux dignes de ce nom (ils sont vraiment très laids). Là encore, nous avons ce mauvais équilibre entre blockbuster se prenant au sérieux et Power Rangers au délire assumé, qui ne sait plus comment présenter son univers au public. Aussi bien au niveau visuel qu’auditif, les musiques alternant entre compositions sympathiques et playlist d’une grossièreté abusif. Car switcher en un quart de seconde musique héroïque et « Go Go Power Rangers », ou encore avoir « Power » de Kanye West et une reprise de « Give It All », c’est d’un ridicule à la fois jouissif et désespérant. Et il suffit d’entendre « Stand By Me » en guise d’accompagnement au décès d’un protagoniste pour que l’aspect cheap du film en prenne pour son grade.
Entre fous rires sincères et soupires désabusés, Power Rangers aura voulu danser sur ses deux pieds sans jamais trouver la bonne synchronisation. Se prenant au sérieux au point de toucher mais restant dans le grotesque de son univers, assumant pleinement sa débilité mais se perdant tout de même dans de l’humour bien gras, respectant l’esprit de la série et le modernisant tout en lui faisant perdre de la saveur (si l’on peut dire ainsi)… le réalisateur Dean Israelite (Projet Almanac) peine à nous faire adopter la bonne réaction face à son film. Doit-on l’apprécier pour son sérieux ou le détester ? Et vice-versa pour sa crétinerie non dissimulée ? La meilleure des solutions auraient été de choisir entre les deux (quoique le délire aurait été le plus approprié), ce qui aurait empêché d’avoir un long-métrage aussi bancal, balançant entre « j’aurais voulu aimer ce film » et « c’est une bouse intersidérale ». Une expérience des plus étranges qui m’a diverti – je ne le nie pas – à défaut de m’avoir convaincu sur le fait qu’un film Power Rangers à gros budget soit une excellente idée…
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Bryan Cranston, Les meilleurs films avec Elizabeth Banks, Les films les plus attendus de 2017 et Les meilleurs films de 2017
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le 10 avr. 2017
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Ooooooh c'est gentil mais j'ai déjà vu Les 4 Fantastiques , fallait vraiment pas se donner la peine d'en faire un autre. Et dire que je fais parties des gens qui ont voulu lui donner une chance à la...
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Bon, je suis le combien, le 453éme a dire "ho putain, Power Rangers est un bon film finalement"... et ouai, c'est un bon film. Et je dit ça alors que j'éspéré un peu une bouse, mais une bouse fun a...
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