Precious par Roland Comte
On sort profondément bouleversé de la projection de ce film. Precious est une Cendrillon moderne, à la différence, qu'outre la misère et le mépris que lui témoigne sa mère, elle est laide, obèse et antipathique. En faisant référence à Zola ou à Dickens, on est très loin du compte... Ce film a tous les ingrédients du film misérabiliste mais il ne l'est pas. La réalisation est parfaitement maîtrisée et le jeu des acteurs est d'une telle intensité que l'on est scotché dans son fauteuil du début à la fin de la projection et, qu'on le veuille ou non, on est pris aux tripes par un tel destin qui doit être plus courant qu’on ne croit dans nos sociétés.
Un grand, un immense coup de chapeau aux acteurs, à tous les acteurs. Bien entendu avant tout à Gabourey Sidibe qui incarne Precious, mais aussi à l'actrice qui joue le rôle de sa mère, Mo’Nique. Malgré toute sa méchanceté, sa stupidité et sa violence, on se prend à la fin, lors de l'éprouvante confrontation entre les deux femmes, non à l'aimer (c'est impossible !), mais du moins à la comprendre et à (presque) lui pardonner. La chanteuse Mariah Carey qui, bien qu'elle soit elle-même une star mondiale, a accepté, sans préparation (elle a remplacé au pied levé l'actrice Helen Mirren qui a déclaré forfait deux jours avant le début du tournage !) de jouer un rôle tellement différent du visage glamour qu'elle présente à ses fans, est méconnaissable (et remarquablement juste et crédible) en assistante sociale compatissante (mais pas "nunuche"), qui arrive, à force d'humanité et de confiance, à faire dire à Precious tout ce qu'elle avait enfermé en elle depuis son enfance. Dans un autre registre, le chanteur Lenny Kravitz, autre star internationale, est aussi excellent.