John est mal dans sa peau. Sa femme est morte dans un incendie, son fils demi-sourd veut devenir végétarien, son père est pasteur alors que lui est homme de science, il a des tendances alcooliques et son coiffeur est en prison depuis un bon moment apparemment.
Ouais mais John a beau être bourré et a moitié-dépressif (un fils végétarien, moi aussi ça me ferait chier) il arrive à trouver un sens à la longue liste de chiffre écrite 50 plus tôt par une gamine cheloue (du genre à gratter une porte alors qu'il suffit d'utiliser la poignée, quelle conne). En effet cette liste avait prédit toutes les catastrophes majeures qui ont eu lieu au cours des 5 décennies passées (et donc à venir du point de vue de la gamine), les dates, les lieux et le nombre de victimes.
Flippant, hein ? Ce qui l'est encore plus c'est qu'il reste 3 dates à venir... par chance elles ont toute lieux vachement prêt de là où John habite donc c'est cool, il pourra les voir en direct. Ce qui est moins cool c'est que son fiston est emmerdé par des albinos muets qui lui murmurent des saloperies dans l'oreille... mais pourquoi font-ils cela ?
Faire un film avec comme postulat de base le déterminisme ça autorise les auteurs à se baser sur des coïncidences grotesques sans avoir besoin de les justifier autrement que par "ah ah ouais mais bon, c'est pré-déterminé mec, tu vois tout ceci à un but". C'est ainsi que nos amis scénaristes accumulent les coïncidences pour bâtir leur récit... sauf que déterminisme ou pas on y croit moyen tellement c'est gros. C'est la fin du monde mais tout se passe dans une surface de 20km²...
Non seulement il y a les coups du sort improbables mais il y a surtout le fait qu'on voit venir l'histoire des lieux à la ronde. Les ficelles et les clichés sont tellement gros qu'on devine très vite comment tout ceci va finir.... et le film ne se prive pas. On sait que la Terre va être balayée par une gigantesque éruption solaire mais John croit qu'en se rendant à un endroit précis il va sauver le monde, il comptait faire quoi ? La repousser à main nus ? Le pourquoi du comment de ce lieu tout le monde le sait depuis 1h mais lui : non. Ce que c'est con un héros américain quand même !
Bon dit comme ça ça sent le pâté mais ce n'est pas encore le pire, le pire c'est quand on lit le sous-texte du film qu'on se rend compte de la connerie sans limite de ce script. Un enfant végétarien est sauvé de l'apocalypse par des extra-terrestres bienveillants pour repeuplé un monde lointain et pur avec une compagne. Il va de soit que seuls des êtres choisis auront le droit de niquer dans l'espace (on appréciera à ce sujet la subtile métaphore des lapins que les enfants ont le droit d'emmener avec eux) , parce que les autres ne l'ont pas mérité, qu'ils crèvent.
Un gloubiboulga mystico-religieux à tendance new wave qui pourra rappeler les thèses de la scientologie (un rapprochement effectivement envisageable), risible et grotesque comme en témoigne l'ultime séquence du film. Déjà pas spécialement brillant à cause de ses raccourcis grossiers (que se serait-il passé si les événements avaient eu lieu sur un autre continent ? et sur une période de plus de 4 jours ? ) le film fait donc l'ultime plongeon tant redouté dans le ridicule le plus achevé.
Si tout à un sens, un but, une raison et que les élus le sont par la seule faculté d'entendre des voix et de se faire kidnapper sans l'avoir choisi ( !! ) alors, à quoi sert la fameuse suite de chiffre ? La décoder ne sert pas a arrêter l'inévitable. Ca ne sert pas à se sauver puisqu'on est laissé comme une merde dans le barbecue géant si on n'a pas été choisi au préalable. Ca ne sert même pas à apporter les élus en lieu sûr puisqu'ils sont acheminés tout seuls.
Réponse : ça ne sert donc à rien.
Dans un film qui part du postulat que tout est lié, que tout à un but, que tout doit faire sens... la colonne vertébrale de la narration, l'élément autour duquel tous les évènements se greffent n'a pas de but autre que faire flipper un type mal coiffé et une jeune MILF (Rose Byrne, splendide comme toujours) désespérée.
Un MacGuffin ? Non, juste un scénario troué et complètement bancal qui se croit pourtant très malin.
Prédictions a tout du pur film con et c'est d'autant plus dommage qu'une fois de plus Alex Proyas assure bien sa partition. En honnête artisan qu'il est il brosse une mise en scène tout à fait correct et qui accouche même de certains moments vraiment décoiffant (et ce n'est pas Nicolas Cage qui dira le contraire). La première scène de catastrophe est, par exemple, tout à fait géniale d'un point de vue mise en scène et intensité. Le réalisateur de Dark City nous prouve une fois de plus qu'il vaut mieux que la majorité des autres faiseur de blockbuster. Les effets spéciaux, quand à eux, sont parfois soufflant (la scène du crash, les visions d'apocalypse) et parfois beaucoup moins (la scène du métro malgré un parti-pris couillu, certaines retouches numériques faite à la truelle sur la lumière extérieur, la petite maison dans la prairie galactique).
Le réalisateur australien s'enfonce encore un peu plus dans la fange avec ce choix désastreux de script. Il avait tenu à bout de bras I, Robot mais il est désormais impuissant. Malgré un postulat de départ intriguant Prédictions est vraiment trop mauvais, trop con, trop puant.