Première Affaire formule dès son titre l’idée de première fois associée au métier d’avocat pénal : soit la perte de l’innocence de Nora, aussitôt diplômée aussitôt contrainte par son supérieur de représenter un suspect en garde à vue. Cette initiation à la brutalité du terrain mute progressivement en perte de virginité au contact d’un commissaire lui aussi fraîchement nommé, si bien que la transgression des procédures redouble la monstruosité tant des relations incestueuses gouvernant la famille de l’accusé que de la culpabilité de ce dernier. Si le long métrage se suit avec intérêt, il se heurte au schématisme d’un scénario qui enferme davantage ses personnages dans des rôles définis, approche antithétique de l’évolution intérieure de la jeune avocate : ses égarements demeurent théoriques, et une brève séquence de dépression ne saurait suffire à retranscrire le récit d’apprentissage moral et sentimental, réactualisation plutôt juste des Illusions perdues balzaciennes avec le recours au changement de région – quoique ici inversée : il faut quitter Paris pour gagner Arras – comme métaphore supplémentaire d’un déracinement symbolique, reflet de l’immigration forcée des parents algériens autrefois.