Premonition Following an Evil Deed parvient, en 55 secondes, à donner vie à une séquence déstructurée de sorte à rétablir ce grand mystère à l’origine du cinéma lui-même, ce mystère d’images en mouvement apte à laisser le spectateur s’engouffrer dans les blancs pour, actif, rétablir du sens. Ou comment rappeler que le cinéma reste une construction sensible que David Lynch aime court-circuiter de sorte à convier son public à une participation directe : l’effort de connecter les petites scènes entre elles reproduit la perception par les sens d’une réalité puis sa transmission en message nerveux que le cerveau appréhende et interprète. Cet acte diabolique, c’est le meurtre d’une jeune fille, c’est l’œuvre d’art elle-même : parce que cette dernière nous plonge dans un ordre rationnel et relationnel différent du nôtre, elle agit à la manière d’une prémonition, soit une intuition parapsychique d’un événement proche, un avertissement sur le sens à venir. Premonition Following an Evil Deed, c’est une métaphore du cinématographe tout entier, que Lynch exploite avec son sens si particulier de l'analogie.