On sort de Présidents avec l’impression désagréable de s’être fait flouer. Que la forme atteste un amateurisme parfois confondant est une chose – le pire étant la « gestion » de la lumière –, mais qu’un long métrage portant sur deux figures iconiques de la politique française refuse à ce point l’engagement en est une autre et n’est pas acceptable. Car sous le vernis polémique qu’exige une telle démarche, Anne Fontaine et son équipe se contentent d’exploiter une série de lieux communs sans les revisiter ni les interroger ; pire, ils se dérobent devant toute attaque susceptible de les mettre en difficulté, depuis le Rassemblement National dont le nom est prononcé à demi-mot jusqu’au choc tant attendu de deux présidents et, donc, de deux présidences, de deux façons de faire de la politique et de gouverner un même pays, réduit ici à d’incessants allers-retours.


La lâcheté est partout, dans l’écriture comme dans les caricatures qu’elle établit, si bien que les imitations humoristiques d’un Laurent Gerra s’avèrent plus virulentes et pertinentes que cette soupe populaire dans laquelle surnagent les deux acteurs principaux. Jean Dujardin nous divertit pendant une heure et demie, il livre une prestation qui impressionne par son mimétisme et sa dérision ; c’est sur lui que s’appuie Anne Fontaine pour remplir un film dépourvu de vision et de personnalité, visiblement réalisé à la va-vite. Les autres comédiens souffrent de son talent, s’improvisent musiciens ou chanteurs, occasionnant une artificialité dommageable en ce que les effets de manche – pour ne pas dire de « mise en scène », expression trop méliorative – établis pour cacher leur infirmité dans ces domaines ne trompent personne : même filmés de dos, Pierre Lottin ne sait pas jouer de piano, Grégory Gadebois ne sait pas jouer de saxophone, Doria Tillier ne sait pas chanter.


Nous sommes conviés à une succession mécanique de sketchs parfois drôles – la scène de chute à vélo – souvent laborieux, à l’image de l’avant-première proposée le 29 juin 2021 au Grand Rex au cours de laquelle l’équipe (incomplète) a occupé la scène pendant quelques petites minutes, puis est repartie vaquer à ses occupations et à ses projets forcément plus intéressants. Le plus mauvais film d’Anne Fontaine.

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le 30 juin 2021

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