Le mou et l'énervé
Le point de départ de Présidents a tout d'une vaste blague. Hypothèse farfelue que celle d'une rencontre corrézienne entre deux anciens présidents de la France et de leur inattendu attelage vers les...
le 3 juil. 2021
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Quand on lit le pitch de Présidents, que c'est apétissant ! Imaginez le potentiel comique du duo de présidents, Flanby et Sarkozy.
Pour résumer l'avis, ce film, c'est un tir qui finit en pet dans l'eau. Même pas un pet marrant.
Détaillons un peu :
Commençons par le plus dur dans une comédie. C'est pas drôle.
Très bien, c'est subjectif. Je vais dire que presque toutes les meilleures blagues sont dans la bande-annonce. Notamment, je comprends pas ce qu'il y a de drôle avec le photographe. (je suppose qu'il devait y avoir un jeu sur les positions droite/gauche et les bords politiques mais c'est raté dans notre référentiel)
Le film aurait gagné à faire taire ses personnages pour mieux gérer le rythme et ne pas essayer de faire rire avec des phrases qui sont dignes de Kaamelott mais écrit par Anne Fontaine.
On aurait pu croire à des milliers de références politiques, non. Quand ça arrive, c'est la blague facile pour être honnête mais, franchement, on prend sans concession en pleine misère comique.
Il y a un manque de vraisemblance dans le postulat de base. Pour rappel, François du PS et Nicolas de LR souhaitent s'allier pour contrer la montée du RN. Je trouve que ne pas parler d'à quel point politiquement, il y a des soucis, c'est problématique. Surtout que ça permettait clairement de déballer des scènes marrantes d'oppositions politiques.
Au pire, c'est pas grave, on va admettre ça dans un monde où le RN va arriver au pouvoir. hihi
La vraisemblance est absente à la base mais évitez de la chercher au cours du film. Le plus gros soucis étant la stupidité/incapacité globale des personnages. Par exemple, c'est extrêmement gênant un ancien président de la république pas capable de dire Europe Ecologie Les Verts dans une scène issue de Friends où François interprète Phoebe et Nicolas Joey.
Et zut, le manque de vraisemblance, ça casse juste la comédie des scènes (qui est déjà bien cassée à cause de Dujardin, qui sait).
On avance dans ce film très difficilement et on sait pas trop où Anne Fontaine veut nous mener. Elle développe des croisements amoureux qui ne servent à rien. D'ailleurs, on pourra se demander durant le visionnage à quoi sert Dora Tillier, femme de Nicolas, qui tourne autour d'une seule blague (elle chante de l'opéra).
Le personnage de Nicolas est presque le meilleur personnage du film (c'est pas un compliment pour moi). Outre son incapacité incohérente, je trouve son développement intéressant mais bien trop rapide. Il passe en un clin d'oeil d'une quête de pouvoir par tous les moyens à "le choix des valeurs simples". On peut se questionner aussi pourquoi on a demandé à Dujardin de jouer de temps en temps "Sarkozy". C'est absurde à quel point, on peut quasiment voir le déclenchement du "mode Sarkozy" avec les mimiques faciales. Il le fait bien mais il l'exagère trop.
Le personnage de François est le plus gros dommage du film. Notamment car Hollande, de base, c'est un gars très marrant qui a conscience de sa vis comica. Surtout que là, François, son ressort comique, c'est la colère. Selon moi, ça ne devient pas assez cartoonesque pour que la colère devienne hilarante. En fait, ça fait mouche la première fois où on comprend qu'il est énervé à cause de Macron.
Pour être tout à fait exact, je pense que son ressort comique doit être dans la réponse à Nicolas. Régulièrement, il fait des "punchlines" sans impact car le timing comique est mauvais (et le ton aussi). Bref, pas d'impact.
L'évolution du duo rend la progression du film assez désagréable à suivre. Nicolas force François puis c'est l'inverse (et ça sort de nulle part) et enfin les deux abandonnent. Le passage à vide de l'inversion est juste inutile.
Mention aux gardes des présidents qui sont... bons stupides et servent à faire des dialogues avec quelqu'un d'un peu bête.
Je parlerai pas plus de la femme de Nicolas. Parlons d'Isabelle, la femme de François. Le personnage est juste vide et on essaye de lui faire porter une sorte de flambeau de la femme forte indépendante mais ça marche pas en fait. Pour résumer le personnage, elle parle en punchlines vraiment pas naturelles et on dit qu'elle est indépendante et forte.
La conclusion du film étant qu'elle doit devenir présidente car les deux zigotos n'ont pas la côte, elle répond "si je veux". Elle a peut-être le compétences (cf. une scène de discours) mais on connaît pas ses motivations pour la présidentielle, c'est problématique. Donc bon, à la fin, on sait pas ce qu'elle veut.
La fin du film est donc décevante. Limite, j'aurais préféré qu'elle réponde "bah non, c'est pas mon truc" ou alors qu'on développe, au lieu de montrer Dora Tillier chanter, ses ambitions cachées.
On ajoutera la naïveté politique du film qui n'est pas importante puisque la politique n'est qu'un prétexte comique dans le film.
Pour finir, je pense que le pitch est typiquement "la fausse bonne idée au potentiel de gâchage de potentiel" (la fbipgp). Parce que les deux personnages sont déjà emblématiques et on a cette impression que de les voir intéragir à l'écran c'est suffisant pour qu'on se dise "dis donc, c'est marrant". Hé bien, je ne suis pas d'accord. Typiquement, c'est pas parce que Nicolas Sarkozy reçoit un appel de Macron (avec un dialogue invraisemblable) disant que "François Hollande, c'est un tocard" que c'est drôle. C'est pas parce que Dujardin fait une imitation de Sarkozy toutes les 5 scènes que c'est drôle. La seule chose permise par le postulat de base, c'est qu'on a déjà les personnages sauf qu'elle n'a pas repris des personnages vraiment identiques. (ce qui crée des dissonnances que je trouve très gênantes)
Bref, c'est vraiment dommage. On peut faire seulement l'exercice d'imaginer les mêmes situations avec des personnages pas iconiques et on se rend compte de la fragilité comique du film qui ne tient sur pas grand chose excepté une discussion entre amis du style "Imagine hollande, comment il a la rage de s'être fait entuber par Macron" sauf que, eux, ils ont eu la politesse de ne pas m'embêter au cinéma en y diffusant leur conversation.
Créée
le 21 juil. 2021
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