A l'origine de PRESQUE, une amitié de plusieurs années entre Bernard Campan et Alexandre Jollien qui s'est transformée en film sous l'impulsion du producteur Philippe Godeau.
La rencontre entre deux mondes, deux visions de la vie, est un thème certes traité des centaines de fois, mais qui se révèle toujours intéressant dans le point de vue qu'il offre sur une autre expérience de la vie, et permet même parfois de relativiser un tant soit peu la nôtre. PRESQUE ne déroge pas à la règle et voit entrer en collision la vie de Louis, croque mort à la vie rangée, et Igor, livreur de produits bio, atteint d'infirmité moteur cérébrale (handicap qui touche Alexandre Jollien dans la vraie vie).
Le duo Campan/Jollien fonctionne et l'on sent l'amitié des deux hommes à l'écran. Le film est un errement épicurien de deux êtres que tout oppose sur lequel plâne en permanence l'ombre de la faucheuse, comme un rappel permanent, via le corbillard que conduit Louis, du destin de ce qui attend tous les personnages du récit.
Une ode à la simplicité des choses de la vie qui touche, mais qui malheureusement tourne un peu en rond, et ce malgré de très belles scènes qui font mouche. Je connais l'amour de Jollien pour la philosophie depuis longtemps, bien avant ce projet, mais je la trouve trop redondante dans l'histoire, jusqu'à en fragiliser la pertinence. Le trop, c'est comme le pas assez.
J'aurais aimé également une réalisation plus humaine, moins "rigide", un peu plus folle et en perte de contrôle, en caméra épaule, à l'image de ce qui se joue dans l'esprit de Louis dans son lâcher prise.
Reste un film profondément humain, teinté de la sincérité sans faille de deux comédiens excellents (et de ceux qui gravitent autour) et d'un retour à l'essentiel que l'on piétine de plus en plus: le respect de l'autre, l'écoute et la bienveillance.