À la vue des avis unanimes, je dois bien avouer que je m'attendais à mieux avant d'entamer le visionnage de ce Prey. De surcroît, réalisé par Dan Trachtenberg, responsable du très sympathique 10 Cloverfield Lane, je partais plutôt confiant. De plus, j'étais emballé par le côté préquel, de voir des humains possédant une technologie bien plus ancienne que celle des autres films de la saga combattre un predator dont la technologie est, elle aussi, plus ancienne que celle des autres films de la saga. Du coup ? Bah du coup la film a beau durer une heure et demie environ, on s'ennuie quand même pas mal. La première partie reste tout de même sympathique, notamment parce qu'on voit l'héroïne galérer et le predator monter en grade.
Par contre, le film devient limite un navet lors de sa seconde partie. Dès l'arrivée des Français en fait… et là y a déjà pas mal de remarques à faire, rien que sur eux. Bon déjà, outre le fait qu'on ne comprend pas un broc de ce qu'ils disent, m'obligeant à passer le film en VF afin de comprendre ce que disent les "français" (remarque, voir une comanche parler en anglais…), j'ai bien l'impression que les Américains n'en ont pas terminé avec leur caca nerveux face au refus des Français de participer à la guerre d'Irak en 2003 tant tout a été fait en sorte afin de les dépeindre comme des racistes beaufs consanguins. On a presque l'impression de voir un très mauvais cartoon par moment : pas forcément ce à quoi je m'attendais en regardant un predator… à moins que ce soit une manière pour Disney de montrer qu'ils sont "gentils" et qu'ils sont du côté des oppressés et non des oppresseurs (on y croit tous), mais à vrai dire, je m'en moque un peu : c'est nul. Point.
D'ailleurs, au niveau historique, si présenter le comportement des Français face aux indiens d'Amérique de la sorte est déjà incohérent, les rendre responsables de la disparition des bisons en 1719, alors que leurs traques a surtout eu lieu au XIXᵉ siècle... franchement, c'était trop dur d'ouvrir un livre d'histoire ? Les développeurs de Battlefield se sont mis au cinéma ?
Mais le pire, je crois que c'est la manière dont Dan Trachtenberg filme. Ça doit être sûrement être plus facile de tenir une caméra dans un huit-clos que dans une forêt, mais là, c'est vraiment illisible par moment. On ne comprend pas toujours ce qui est filmé, ce qu'on est censé voir, même hors des scènes d'actions. Par exemple, à un moment, la caméra s'attarde sur une sorte de scolopendre, ou peut-être une colonne vertébrale (difficile à savoir vu qu'il fait nuit), avec la musique kifépeur… je ne comprends toujours pas pourquoi avoir fait, quel est le but ? Du coup, vous vous en doutez que lorsque viennent les scènes d'actions, c'est encore pire… et je ne parle même pas des scènes d'actions nocturnes qui atteignent le sommet en terme d'illisibilité.
Il y a quand même quelques bonnes idées qui sauvent un peu le film. Notamment celle concernant les fleurs jaunes qui refroidissent la température corporelle (même si pas forcément bien exploité), le fait que le predator ne tue pas les proies prises dans un piège autre que le sien, ou encore, son nouvel équipement (très sympa le coup de la lame bouclier). J'apprécie aussi l'analogie entre prédateurs et colonisateurs. Après, ça reste un direct to VOD... un direct to VOD à 65 millions de dollars tout de même. Aïe ! Parce que, outre le fait de placer Prey en tant que second film le plus cher de la saga, Alien vs Predator compris, difficile de croire que le film ait coûté autant vu ce à quoi il ressemble.
Du coup, après tout cela, il me reste une dernière question sans réponse : Prey aurait-il paru aussi bon pour certains si Predators et The Predator n'étaient pas sortis avant lui ?