Un film qui oublie d'être un film

... et qui ne cherche qu'à montrer les gros biscoteaux pleins d'érudition du réal / acteur principal / mathématicien. Je suis pourtant férue de films traitant de voyage(s) dans le temps, ce qui fait que j'ai quand même une certaine connaissance de leurs codes à force d'en regarder ; donc quand j'en regarde un nouveau, je me dis tout de suite "ah! attention aux paradoxes! plot twist à venir! chouette!". Sauf qu'ici, en fait, on n'en a plus rien à foutre.

Parce que le réal ne cherche même pas à ce qu'on en ait quelque chose à foutre. C'est le gros défaut de ce film, qui pourtant avait tout pour être génial: il se perd dans des codes scientifiques balancés par-ci par-là, notamment pendant une première demi-heure indigeste - et il en oublie les codes du cinéma.

Du coup, on s'attache absolument pas aux deux personnages principaux, malgré leur jeu d'acteur étonnamment bon. J'ai même pas essayé de comprendre qui était la femme de qui tellement la meuf du personnage principal ne sert qu'à étendre le linge, ranger le lave-vaisselle et passer pour une cruche qui ne comprend rien aux enjeux métaphysiques et conceptuels de l'expérience de pensée qui n'est pas une expérience de pensée que lui propose le pote de son mari. Vous suivez? Non? Elle non plus, parce que nous non plus! Waw! Tour de force méta-cinématographique! Sauf que non, c'est nul.

Parce qu'on pourrait très bien avancer, et c'est ce que de nombreuses critiques font, que cette nébuleuse dans laquelle nous plonge le réal n'est que le reflet du fond de son film ; une complexité qui n'a qu'un but méta-artistique, et qui ne fait que mimer l'aspect multi-dimensionnel de cette chronologie non-linéaire, dans laquelle même les personnages principaux se perdent, au point de se perdre eux-mêmes et se confondre avec leurs doubles. Ok, pourquoi pas.

Mais même ça, on s'en fout, parce que le réal oublie tout simplement de construire un film avec une narration qu'on pourrait suivre ; au point qu'on a pas envie de jouer le jeu, puisqu'il ne le joue pas lui-même. Je suis ok pour regarder des films érudits, j'adore les maths, j'aime moins les sciences de l'ingénieur mais ça me dérange jamais d'en apprendre plus ; sauf que là, la seule chose qu'on apprend, c'est qu'on est trop bêtes pour comprendre, et le réal super intelligent.

Et c'est pénible ; d'abord, parce que ça n'a aucun intérêt ; et ensuite, parce que ça froisse mon égo. Heureusement que la grande majorité des gens sur ce site sont normaux, et n'ont rien compris non plus ; ça me rassure. Que voulez-vous...