Pris au piège par Maqroll
Dans ce troisième volet de sa période américaine, Max Ophüls se donne des airs d’Orson Welles pour tourner ce film au scénario original mais très mal équilibré, avec des ellipses curieuses, comme s’il avait dû subir des coupures (ce qui est peut-être le cas après tout, Hollywood exige !) Question interprétation, Robert Ryan est assez mal à l’aise dans son rôle de monstre peu crédible, Barbara Bel Geddes est touchante mais sans génie, James Mason par contre est excellent dans son personnage de médecin humaniste. En fait, le film tout entier repose sur la mise en scène d’Ophüls, prenant donc quelques racines dans Citizen Kane, mais aussi terriblement personnelle et baroque comme dans ses plus grandes œuvres. La scène de la danse, celles qui ont pour cadre l’immense manoir de Long Island sont d’une puissance particulièrement esthétique. Notons que le propos, comme toujours centré sur la passion d’une femme, débouche cette fois sur une fin peu conventionnelle, la belle retrouvant sa liberté en même temps qu’elle perd son enfant… En quelque sorte le négatif de Lettre d’une inconnue, chef d’œuvre d’Ophüls, sur un « scénario » évidemment plus inspiré puisque tiré d’une nouvelle de Stefan Zweig… Mais malgré toutes ces réserves, Caught est un film à découvrir qui contient des qualités et des richesses indiscutables à mon sens.