Frédéric et Valentin Potier, père et fils, réalisent avec Prodigieuses leur premier long-métrage, tiré de l'histoire vraie des sœurs jumelles Audrey et Diane Pleynet, ces pianistes virtuoses inséparables, sans en être pour autant un Biopic, histoire déjà évoquée dans le documentaire Le mystère des jumeaux de Niels Tavernier (2009).
Dans une très belle et agréable ambiance musicale, le film met ainsi en scène les sœurs prodiges Claire et Jeanne, âgées de 18 ans, et suivies de très près par leurs parents, afin qu'elles soient les meilleures, et envoyées par leur père, à la prestigieuse école de musique de Karlsruhe, sous la férule du professeur tyrannique Klaus Lenhardt.
Par une tension montant crescendo, le scénario bien orchestré montre, de manière combinée, la pression exagérée du père, qui leur dédie sa vie avec amour, (campé par un excellent Franck Dubosc, moustachu, ce qui accentue son côté rustre et populaire, comme dans son film Rumba la Vie, déjà sur les relations entre un père et sa fille), tempérée par une mère aimante et désemparée, jouée avec tendresse par une Isabelle Carré toujours impeccable, les deux jeunes filles en plein désarroi alors qu'elles sont successivement atteintes de cette maladie orpheline aux mains, et le comportement jusqu'au-boutiste du professeur, semant une discorde dévastatrice.
Mais ce sont bien Camille Razat (Claire, joyeuse et exubérante) et Mélanie Robert (Jeanne, magnifique d'intériorité) qui délivrent toute l'émotion de ce film, dans le rôle de ces sœurs mystérieusement unies et également douées, qui se ressemblent sans être les mêmes, et qui malgré les difficultés, la pression familiale, leurs désaccords d'adolescentes, vont trouver, dans une incroyable résilience et une puissante sororité, un moyen génial de continuer leur art en tandem, faisant d'elles ces Prodigieuses pianistes ! Les allers et retours en train, à deux ou seule, de leurs domiciles français à l'école en Allemagne, le défilement des rails, donnent un rythme bien vu, en nous faisant partager leur intimité, leur fragilité et leurs doutes.
Une excellente et très belle première réalisation dont on sort admiratif pour le combat de cette famille et l'avenir radieux qui s'ouvrent aux jumelles, en atteste la carrière magnifique des sœurs Pleynet. Une réussite du cinéma français 2024, à voir sans hésiter.