Voir le film

Le principal intérêt à trouver à Project Power réside dans la métaphore qu’offre la pilule à tout un panel de paradis artificiels aujourd’hui responsables de la mort de millions de personnes : la drogue, le sucre tendent à donner aux individus qui les consomment des super-pouvoirs similaires à ceux montrés par le film, en ce qu’ils décuplent les facultés mentales ou physiques, altèrent les perceptions sensorielles, rendent poreuses les frontières entre le réel et l’imagination.


Ainsi, le fait que la mère de Robin soit noire et souffre de diabète ne relève pas du hasard ou d’un caprice de scénario ; il relate bien au contraire une réalité sociale, celle de la malnutrition qui frappe en majorité les milieux les plus précaires – et dans le cas de les États-Unis les Afro-américains et les Mexicains – et de ses conséquences sanitaires dont le diabète est l’expression la plus terrible, nouveau cancer (voir à ce titre l’excellent documentaire réalisé par Arte, intitulé Un monde obèse). Car le long métrage exacerbe non sans raison l’écart entre les effets produits par l’absorption des substances – effets gonflés au numérique – et le cadre qui la précède et en résulte, à savoir des espaces urbains délabrés, sales, surpeuplés, illustration futuriste d’une Nouvelle-Orléans pourtant bien contemporaine et reflet de nombreuses villes américaines.


Si le film ne réussit pas à s’affranchir du cahier des charges qui définit le blockbuster lambda, si sa volonté d’esthétiser ses plans à tout-va se heurte tantôt à un amateurisme technique tantôt au caractère impersonnel sinon cliché de sa démarche, si la caractérisation de ses personnages reste superficielle, exception faite de Robin Reilly qui méritait à elle seule l’entièreté de la focalisation, son engagement politique par le biais de la fiction la plus pure constitue une réussite et la preuve qu’une œuvre destinée au divertissement grand public ne devrait pas être coupée d’un intérêt porté à nos société contemporaines.

Créée

le 17 août 2020

Critique lue 347 fois

5 j'aime

1 commentaire

Critique lue 347 fois

5
1

D'autres avis sur Project Power

Project Power
IrrelevantSnake
6

Project Nerve

Le film souffre un peu du même syndrome que l'une de leur précédente oeuvre, Nerve, c'est à dire que c'est très joli à regarder mais c'est plat. Le film est donc vraiment bien foutu niveau mise en...

le 15 août 2020

14 j'aime

Project Power
Passioncinedegwen
5

Potentiel mal exploité, casting intéressant , bande son affreuse

Project Power raconte l'histoire d'Art, de Frank, et de Robin, travaillant ensemble pour mettre à terre le groupe responsable d'un trafic d'une pilule spéciale qui donne à ses consommateurs des...

le 20 août 2020

9 j'aime

5

Project Power
Fêtons_le_cinéma
5

Super-pouvoir de s’autodétruire

Le principal intérêt à trouver à Project Power réside dans la métaphore qu’offre la pilule à tout un panel de paradis artificiels aujourd’hui responsables de la mort de millions de personnes : la...

le 17 août 2020

5 j'aime

1

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

89 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

78 j'aime

14