Un prêtre entreprend de transformer en MJC géante un ancien institut psychiatrique pour enfants à la réputation d'être hanté. Bon, pour rester poli, on va dire que ce n'est pas la plus lumineuse des idées, mais, niveau âneries de compétition, il est coiffé au poteau par les jeunes du coin qui décident d'organiser une mega-fête dans la vieille bâtisse au passé louche. Mieux, un petit groupe resté pour une after pratique une expérience surnaturelle, histoire de bien chercher les embrouilles. Et ça ne loupe pas ! L'un des adolescents se retrouve rapidement possédé par un esprit particulièrement hargneux...
Pourquoi "Projet 666" est resté quatre ans à prendre la poussière sur une étagère (ce truc a été tourné en 2011 !) et possède à peu près autant de titres que de pays dans le monde ? Parce qu'il paraît bien difficile d'oser sortir ou de donner un nom à une catastrophe pareille !
On sent pourtant que la démarche du film part d'un bon sentiment : renouer avec une certaine idée de la "bisserie" des années 80 en ayant en ligne de mire certains monuments du genre comme l'incontournable "Evil Dead" auquel le film fait beaucoup penser par son approche qui tente d'allier frayeurs, humour et effets gores bien cradingues. Sauf que là où Sam Raimi dosait à la perfection ces trois ingrédients en livrant un film amené à devenir culte, Marcus Nispel, lui, se montre tout simplement incapable d'en répéter ou de même en balbutier la formule !
D'un ennui mortel au bout d'à peine une demi-heure, "Projet 666" ne parvient pas à arriver au petit orteil de ses ambitions : jamais effrayant et jamais drôle, tout semble constamment tombé à plat et emmené dans une espèce de faux-rythme hystérique pour créer l'illusion d'une énergie à laquelle personne ne croit. Le film passe en revue tous les stéréotypes du film de possession (exorcisme, spiritisme, ...) avant de bifurquer en slasher fantastique avec un vague mystère à résoudre (ceux qui iront au terme de ce calvaire ne seront même pas récompensés, le twist final est aussi idiot que prévisible) tout en essayant d'enchaîner des vannes au dixième degré qui partent souvent d'une bonne idée absurde mais qui ont ce don d'être en permanence si mal amenées qu'elles ne provoquent même pas un sourire (en fait, on a l'impression que Nispel n'est pas très doué pour l'humour). On sauvera tout de même de ce naufrage les effets spéciaux gores convaincants, la seule réussite du long-métrage qui parvient, elle, à raviver la nostalgie d'une certaine époque par son côté artisanal (malgré l'utilisation de quelques CGI).
Après ça, on comprend mieux pourquoi la carrière de Marcus Nispel est au point mort depuis 2015, personne ne peut se relever indemne d'un ratage pareil !