Nous sommes en 2012 après Jésus-Christ, un mardi soir en plein Printemps du Cinéma. Toute la salle est occupée par des gens de mauvais goût. Toute? Non! Un irréductible cinéphile résiste encore et toujours à l'envahisseur! Mais sa vie n'est pas facile... Sortant de la salle titubant suite au lavage de cerveau qu'il vient de subir, il se retrouve confronté à l'hostilité de la salle qui a aimé le film. Hué, traîné dans la boue, battu... Il réussit à s'en sortir et se réfugie chez lui afin d'écrire la critique qui va suivre afin de vous prêcher la bonne parole! Cet homme exceptionnel? C'est moi! Certes ma sortie de la salle est un peu romancée pour vanter mon héroïsme, celui d'être allé voir Projet X au cinéma, de mon plein gré et en pleine possession de mes moyens. Mais ce courage incroyable devrait servir d'exemple ou au contraire servir à éviter à des esprits faibles de s'introduire dans une salle projetant ce film. Il est très difficile de faire la critique d'un truc vide mais je me lance tout de même, après tout il faut que j'externalise ma souffrance.
Donc oui comme vous avez pu le voir je n'ai pas aimé Projet X et même mieux, j'ai détesté. J'anticipe déjà les quelques propos infondés auxquels j'aurais sûrement le droit. "Olol tu n'aimes que le cinéma d'auteur de toute façon!" ou autres "Retourne voir tes films austro-hongrois de 1911 sur la relativité sentimentale dans la haute bourgeoisie de Sarajevo". Alors pour information je ne suis pas hostile au genre du teen-movie, j'ai apprécié les deux premiers American Pie et... Bon en fait c'est tout, mais j'aime quand même des teen-movies! Faut dire que j'en ai pas vu des masses non plus et j'avoue ne pas avoir aimé le reste, même si Dix bonnes raisons de te larguer et The Girl Next Door n'étaient pas forcément nuls.
Projet X part d'un concept qui aurait pu être sympa si bien exploité, moins con et fait avec un minimum de talent. Sauf que là il n'y a rien de tout ça, le film patauge dans la connerie profonde du début à la fin. Inutile de préciser qu'artistiquement Projet ne vaut rien du tout. Le principe de la caméra vérité utilisé ici n'est que l'illustration d'une paresse de mise en scène surtout que ça n'a rien d'authentique. On te présente un personnage comme étant le caméraman alors que certains plans ne sont normalement pas de lui, je pense à l'arrivée des filles à la fête qui est tournée bizarrement en plans "normaux".
Alors oui la mise en scène peut paraître secondaire dans ce genre de film pour une majorité de spectateurs mais moi j'estime que non. Là ce n'est pas illisible mais c'est juste improbable et incohérent. Et puis c'est moche et surtout je n'en vois pas l'utilité, j'imagine mal quelqu'un participer à la "soirée du siècle" en ne faisant que filmer tout le long, surtout que dans certains plans les autres personnages font comme si il n'existait pas.
Le scenario du film est rachitique. D'ailleurs je me suis énormément emmerdé pendant 1h30 car ça ne raconte rien, ce n'est qu'une succession de gags allant de nul à très nul. Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a d'intéressant, autant si c'était juste un gros délire de 20 minutes disponible sur dailymotion je m'en serais foutu comme de l'an quarante mais là ça dure presque aussi longtemps qu'un match de foot pour nous montrer de la merde, ce genre de films n'a pas sa place dans un cinéma. Et puis c'est bourré de clichés tout en restant archi douteux. Les héros sont de gros geeks qui parviennent à rameuter la moitié de la ville, les bombes locales veulent se taper les héros qui n'ont rien de bien reluisant, la police n'interviendra que quand la ville sera en feu... Bref niveau crédibilité, on repassera.
Le film n'est qu'un énorme délire de nerd qui s'étire trop en longueur. La VF du personnage principal est d'ailleurs assurée par Norman, le nerd devenu une star du web (bon je n'ai pas pu constater la calamité du doublage vu que j'ai vu cet étron dans sa version originale). Les personnages d'ailleurs n'ont rien d'intéressant tant ils transpirent le cliché. Le héros est un gentil loser qui ne cède que momentanément à la tentation pour ensuite se retourner vers la belle fille gentille et sympathique, Costa est un juif friqué au verbe haut, JB est un gros sac, la pure caricature du geek, Alexis est la bonasse bien sal... aguicheuse sur les bords que tout le monde rêve de se taper et qui, ô surprise, s'intéresse au héros loser... La liste est longue, chaque personnage secondaire est un cliché sur pattes.
Dans Projet X on a aussi la chance de voir des nichons. Enfin chance... C'est tellement vulgaire et mal filmé qu'on en a rien à foutre, c'est plus un déballage de viande plutôt qu'autre chose. D'ailleurs ça me fait rire quand je lis ou entends des avis sur le film disant que "Waaaaah il y a plein de nichons, trop cool!". A titre de comparaison, on en voit au moins autant dans Cloclo sorti le même jour et des bien meilleurs, surtout que dans Cloclo il y a un vrai metteur en scène de talent qui a su rendre tout ça désirable.
Projet X en tout cas a su trouver son public chez les adolescents et geeks en quête de fantasmes. Ce qui m'étonne c'est qu'il a su également trouver un public féminin alors que c'est ultra mysogyne à un tel point que ça m'a gêné personnellement alors que je n'ai qu'un seul chromosome X. En revanche je comprends tout à fait que Dylan, 13 ans, puisse trouver que c'est "un put1 d'bon filme!" comme il le dira sur Facebook à la sortie de la salle pour ensuite retourner dans sa cité d'Aulnay-sous-bois pour tenter de dépasser la barre des 75 km/h sur son scooter débridé pour pécho Cindy, 13 ans, dont le film préféré est Pirates des Caraïbes 3 car Orlando Bloom il est trOw b3aù. Ce public-là est ciblé de toute évidence, la BO remplie de musiques commerciales suit d'ailleurs cette logique mercantile des plus dégueulasses.
La pauvreté cinématographique du truc mériterait qu'on n'en parle pas mais il est tellement surestimé que ça en devient limite écoeurant connaissant les films de qualité qui se sont plantés au box-office. Je trouve d'ailleurs incompréhensible qu'il soit si apprécié car ça n'a aucun intérêt de suivre des mecs bourrés pendant 1h30, les gags sont pauvres, prévisibles, gras, vulgaires. Enfin j'ai décroché un sourire nerveux à un ou deux passages tant c'est con mais pas assez pour être indulgent envers ce film qui a été pour moi un véritable calvaire.
Projet X est l'apologie de la connerie. D'ailleurs la fin avec le père qui féliciterait presque son fils d'avoir organisé un tel carnage va dans ce sens. Le héros et ses potes seront considérés auront la côte au lycée, si encore il y avait un aspect second-degré ça serait passé mais là c'est juste très douteux et il n'est pas étonnant que quelques personnes sans cervelle tentent d'organiser ce genre de soirées dans la vraie vie, on a d'ailleurs bien vu les conséquences qu'il y a eu.
Non seulement c'est nul mais en plus c'est dangereux, ce film est à l'image de la génération d'adolescents actuelle: puérile, grotesque et ignare. Cette "comédie" vole très, très, très bas. En rase-motte même, pour mieux s'écraser dans la débilité. De plus le côté pseudo-rebelle est à gerber, ce film est ultra-conformiste. Il n'y a rien d'original, de dérangeant et de subversif, c'est juste la connerie incarnée. Et pour couronner le tout il y a eu des applaudissements du public à la fin. Déjà d'une, nous ne sommes ni au théâtre ni à un concert et de deux autant réserver des applaudissements aux gens de talents, espèce humaine nullement représentée dans Projet X. Pour conclure j'anticipe les "Ola mais faut savoir rigoler dans la vie" en disant qu'on peut rigoler tout en ne s'abrutissant pas. Very Bad Trip réalisé par Todd Phillips (producteur de Projet X) ça ne volait pourtant pas très haut mais ça n'en demeurait pas moins sympathique car ça ne se prenait pas au sérieux et il y avait de bonnes idées, celles-ci font défaut à Projet X. D'ailleurs la note que je vais lui mettre correspond à l'état de mon QI suite à la purge neuronale que j'ai subi.
1.5/10
PS: rassurez-vous, j'ai récupéré toutes mes capacités intellectuelles depuis.
