Avec son adaptation du roman Promenade avec l'amour et la mort de Hans Koningsberger, John Huston dépeint un Moyen Âge cruel, violent (un écartèlement très démonstratif surprend) et fanatique, plus proche de la représentation qu'en fait le cinéma d'aujourd'hui que celui d'antan. Rien de flashy comme dans les peplums et autres films se déroulant à cette époque, mais des toilettes et des décors réels et naturels qui jouent la carte de la sobriété, éclairés par une photographie plutôt terne (d'ailleurs, le ciel est souvent gris). On entre donc d'autant plus facilement dans le récit grâce à cette atmosphère radicalement réaliste.
Mais il y a aussi beaucoup d'amour et de poésie dans cette histoire, à travers l'amourette entre un jeune étudiant et une fille de la noblesse rattrapée par une dure réalité. Une passion d'autant plus impossible qu'elle se déroule durant la guerre de Cent Ans et sa terrible lutte des classes sociales.
Après trois apparitions mineures (dont deux dans des films de son père), Anjelica Huston obtient ici un rôle de premier plan. Sur le tournage, la jeune actrice de 16 ans n'aime pas son physique et doute de son jeu, mais c'est pourtant l'impression contraire qu'elle donne, en apportant beaucoup de fraîcheur et de spontanéité aux interactions entre les deux héros. Notons que les autres acteurs de la distribution composent des interprétations qui sonnent également très justes.
Par bien des aspects, ce road movie initiatique, à la découverte de l'amour et de la mort, fait penser à une version baroque et désespérée de Roméo et Juliette. Sombre, lumineux, poétique et terriblement prenant (j'ajoute qu'une scène m'a donné de sacrés frissons), ce film trop méconnu de Huston est à découvrir absolument. Sans conteste l'un de mes films préférés du Monsieur.