Pourquoi ? Merde..pourquoi ? Y'avait du bon, du très bon même..
Grâce à de magnifiques plans, de sublimes paysages du Nord-Est des Etats-Unis, Gus Van Sant aborde très justement certains fardeaux de cette société matérialiste sans coeur.
Sujet au combien d'actualité, la voix écologiste s'oppose à l'exploitation désastreuse d'un gisement de gaz de schiste. Mais ce n'est pas un film sur l'écologie. Le réalisateur américain nous démontre plutôt la puissance, le pouvoir de cette compagnie pétrolière qui compte s'en charger, et les moyens suscités pour y parvenir.
Si les habitants lui lèguent leur propre terre, Steve Butler (Matt Damon), employé de la firme Global, s'engage à restituer aux ruraux d'importantes sommes d'argent. Enfin pour eux, car ce sont des sommes ridicules pour la compagnie Global. Mais Steve veut du bien car il apporte la richesse matérielle, l'argent facile et rapide. Bref il apporte le bonheur. Ils ne le savent pas, mais leur but dans la vie est de devenir riche. En fait l'aspiration de tout être humain devrait être de gagner beaucoup d'argent. Cette scène dans le bar du coin où les modestes habitants du village se voient confrontés à ces dogmes est une scène fondamentale de "Promised Land".
Tiraillés entre devenir riche simplement en cédant une signature et le risque de voir se détruire une terre familiale, les ruraux sont contraints de n'être que des marionnettes. Ils devront voter collectivement pour ou contre l'exploitation de leurs sous-sols. Et c'est un énorme enjeu.
Esclave de son travail, Steve n'a d'autre choix que d'exploiter, de manipuler, de cacher et de corrompre pour faire du profit. Il gratte partout ou il peut, il abuse de la crédulité des propriétaires modestes pour engrosser sa boite de bénéfices hallucinants. C'est moche. Mais finalement il nous est sympathique. Et c'est là que le film est intéressant.
Poudres aux yeux; Global est partout, jusque sur les maillots des équipes de foot.
Un dernier échange entre Steve, venu chercher la confiance des habitants, et Dustin Noble l'écologiste, venu lui pour sauver une terre promise à une compagnie pétrolière.
Épilogue foudroyant. On ne s'y attend pas, sans non plus être totalement surpris par le complot. C'est très réussi. Global est finalement intouchable, et même intouchée. Gus Van Sant aurait du nous laisser là.
Mais voilà, s'en suivent 3 minutes de trop. Insoutenables. Un discours tire-larme, oui, je vous ai menti, Global est vraiment une boite de pourris. S'y ajoute une goutte de nostalgie, puis sa collègue qui cafte, et forcément le voilà viré. Et puis ce soir c'est concert au village; Steve plaque tout pour sa gonzesse. Il a tout compris instantanément; le dernier des pourris défendrait presque la juste cause désormais. Vraiment insoutenable.
Une note n'a donc ici que très peu de sens, j'aurais pu mettre 8. J'aurai pu mettre 2. Surtout 2 d'ailleurs. Mais franchement, on ressent juste une incroyable déception sur le dénouement totalement niais d'un film qui était jusque là si authentique. J'aurais tant imaginé une fin sur la scène du dialogue entre Steve et Dustin sur le parking du motel. Finir sur cette prise de conscience de cette mise en scène du façonnage intellectuel, d'une telle instrumentalisation de la pensée, manipulation de l'opinion, orchestrée par le sommet de la firme Global. Finir le doigt pointé sur la mainmise du monstre pétrolier exercée sur ces ruraux bien soucieux de leur terre, mais dont leur réflexion a été entièrement maîtrisée. Finir sur la perversion et l'omniprésence de la firme. Et le dégoût qu'elle provoque.
Nous laisser là, dans l’écœurement.
Mais cette fin insipide oriente le film sur d'autres rails, ceux ferrés à l'eau de rose, et viendrait presque masquer les questions finement abordées auparavant tellement elle nous laisse un gout amer.