Pronobis
Pronobis

Moyen-métrage de Melvil Poupaud (2003)

Stigmat du trouble psychotique dans la famille? Dorian Gray 2.0? Zelig endogène? Dégoût de soi?

J'avais oublié que je l'avais en envie depuis longtemps.
Ajouté car filmé par un acteur.
Rei Ayanami de SC&LetterBoxd m'en donne le lien légal actuel sur MK2: https://www.mk2curiosity.com/film/pronobis (1 semaine pour voir ses 37 minutes)
J'ai cliqué d'abord juste pour vérifier le lien, je finis par le voir en entier.
Sans rien en savoir, mon esprit s'est baladé avec grand plaisir dans ce quasi jeu vidéo au point d'être un peu déçu par la fin et l'explication.


Lors d'une fête dans un appartement à haut plafond et parquet en bois d'un grand appartement à Paris, une des invités s'aventure dans les autres pièces et découvre un sosie déchevelé de leur hôte. Ce double est avachi dans un grand fauteuil à regarder la télé.
L'invitée s'en était approché par derrière et on s'attendait à trouver la mère de 'Psychose'.
Qui est ce sosie? Une métaphore? On cache parfois un double de soi, notre moi de certains week-end ou de certaines heures sombres, lourdes sur nos épaules, celles où, entre autres, nous sommes avachis devant son écran de télé...un peu sale et négatif.
Je me suis dit que ce double était peut-être symbolique. Pendant qu'une part de nous en représentation fait la fête, notre moi robot en mode automatique animant les zygomatiques pour les invités, mais notre vrai moi, est ailleurs, fondu, collé, commençant d'être 'fait', sur un fauteuil soumis à des rayons cathodiques?


L'hôte surprend l'invitée curieuse et lui promet de tout lui expliquer, dont ce double silencieux.
J'ai alors pensé que c'était peut-être juste un bobo Parisien qui avait honte de son frère malade.
Son jumeau assommé par des médicaments, qui passe ses journées devant la télé.
Sans doute car je suis au milieu de la belle série de Mark Ruffalo sur les jumeaux dont un est schizophrène: I Know This Much Is True.
Reste que je doute de mon hypothèse quand, en attendant de lui expliquer, le frère enferme la curieuse, comme Barbe-Bleue, dans une autre pièce.
Est ce un cas de stigmat du parent avec trouble psychiatrique, la famille dans la honte ou la fatigue?
Ou alors est ce une version du Portrait de Dorian Gray 2.0 où le tableau serait un robot, ou un double né de GPA?


L'hôte expédie les derniers invités de la soirée; il les accompagne à l'ascenseur sur le palier, que l'on découvre en partie en marbre.
Il semble paniquer: il ne pense plus clairement, son cerveau sans doute tombé au niveau de la bite, car c'est de là qu'il est désormais filmé...et en effet très bêtement, il semble s'imaginer tuer la curieuse avec un sac sur la tête, ou bien, la faire dévorer par une créature rouge...on ne sait alors pas trop ce qu'est cette image d'un visage rouge criant, à la Edvard Munch.
Lors d'une scène de trou de serrure et d'oeil, j'ai pensé à un 3e frère plus dégénéré, imparfait ou pas encore fini? ...qu'il nourrit façon 'Under the skin' derrière cette porte où on l'a vu enfermer l'invitée?
Serait-ce 'Massacre à la tronçonneuse' mais façon Parisian Psycho, en plus chic et feutré, dans un appartement haussmannien ?


Ou alors, ces doubles sont des ex-invités successifs qui, à la façon de 'Bodysnatcher', sont devenus à son contact ses sosies. L'une des copies a avorté ou n'est pas finie?
Genre l'effet 'Zelig' mais sur ceux qu'il touche et choisit? Ils deviennent lui par 'spawning'?
Un Zelig contagieux?


Une amie, ou soeur ou colocataire, avait téléphoné pour savoir où était l'invitée, l'hôte avait alors prétendu qu'elle s'était juste sentie mal et qu'elle restait passer la nuit dans l'appartement.
Le lendemain, cette amie prévenante, ou sincèrement juste dans les parages pour le travail, vient prendre de nouvelles de la souffrante ou vient, on l'espère, vérifier que son amie n'est pas encore une victime d'un de ces Princes Charmants au baiser GHB.
L'hôte lui dit avoir appelé le docteur.
Elle demande à voir son amie.
S'en approche dans la chambre où elle est couchée, mais ne découvre qu'une perruque ou son scalp? ...qui lui reste dans les mains. Elle n'a pas le temps de se remettre de ses émotions qu'en se retournant, elle voit cinq hommes identiques à son hôte successivement rentrer dans la pièce et l'assaillent...genre Michael Keaton dans 'Multiplicity' mais en plus effrayant.
Barbe-Bleue n'avait donc pas ici 7 femmes, mais 7 frères, 7 sosies, 7 clones?
Une génération spontanée de poulbot Poupaud...? Peut-être qu'ils s'auto-reproduisent dans cette ambiance très Cocteau...Twins. Avec Belle pour la Bête et chandeliers tenus à la main?
Ou alors le bobo est un cancer qui se multiplie?...il phagocyte d'autres humains?


Puis un des sosies semble tuer quasi à bout portant 5 frères de la portée!
Avec fusil tiré d'un boitier marqué S.S.
Existaient-ils tous? Sommes nous dans 'Split'? Ou un appartement 'Shutter Island', 10 ans avant la sortie du Scorsese, filmé façon 'J'irai dormir chez vous', 5 ans avant son existence?


Enfants ISO 9000?
On sort enfin de Paris. Le dernier jumeau muet semble en mourir, dans le train: le clone Parisien supporterait-il mal la Province? "Entre Paris et moi, plus il y a d'espace et moins je respire"?
On ne sait toujours pas avec certitude si ce dernier double existe ou s'il n'est que dans sa tête. Paye-t-il vraiment pour deux personnes dans les hôtels i-BIS successifs où on les voit? car une des chambres n'a étrangement qu'un seul lit? Lieux répétitifs aux normes qualité clonées aussi, comme nous le rappelle le plan sur "Cet hôtel a obtenu la certification ISO 9002".



(un seul lit) "Tu dormiras dans la salle de bain"
L'écran de télé montre des sumotori commencer leur lutte, on assistera vite à un sosie-tori encore moins classieux, dont les coups de poings à l'Autre au sol, m'ont semblé très violents.
Une violence dégoûtante, dont le montage sonore garde en mode répétition le cri:
"tu me dégoûtes"



Puis on apprend que le tout est un mystère né en 1973.
Comme le réalisateur, qui a d'autres frères connus, aussi talentueux dans leur domaine, et qui ont aussi peut-être été anxieux d'exister? Se demandant lequel survivra à la postérité?
Heureusement, toutes les fratries ne sont pas des enfants Highlander:



"Il ne peut en rester qu'un. There can be only one"


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