Au plus près de son étoile
Toujours placée au plus près de l’humain, la caméra d’Alice Winocour ne quitte pas une seconde son duo de tête, et là où la déchirure tragique occupe d’ordinaire une scène ou deux aux effets...
le 27 nov. 2019
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Le film fonctionne bien, car traite de sujets plutôt intéressants de mon point de vue (je ne suis pas critique de cinéma mais cinéphile ; soyez indulgent) et offre une touche féminine au cinéma français.
Il traite d’une relation mere-fille fragile qui est mise à l’épreuve lorsque la mère doit partir en orbite, thème déjà abordé avec le film Interstellar qui a mon avis le traitait bien même si le genre du film restait la science-fiction (preuve donc que Nolan réussit bien).
Ici le genre relève donc du drame. Le film montre comment un enfant peut aborder le départ et surtout l’enorme consécration de la vie personnelle d’une mère face à un programme d’entraînement de l’ESA. Car en traitant le point de vue de l’enfant, on voit aussi comment une mère vit cette situation.
Proxima c’est aussi le combat d’une mère qui essayer de gérer et d’une femme pour se faire une place dans ce monde masculin. Comme Matt Dillon le remet en doute dès le début, comme un défi, Eva Green le relève. L’entraînement musclé et acharné des astronautes, spationautes et cosmonautes dans le centre de l’ESA est bien réaliste, et montre l’envers du décor. Preuve qu’il faut être rude pour aller dans l’espace. Cet entraînement, cette proximité qui réussit à créer des liens malgré tout entre les 3 protagonistes. On assiste à la naissance d’une complicité Dillon-Green malgré des débuts difficiles.
Car oui le casting fonctionne très bien.
Au-delà de cette face polyglotte que le film apporte, les acteurs respectivement originaires du pays de leur personnages, Eva Green n’a plus à faire ses preuves, et Matt Dillon joue bien, tout comme pour Lars Eidengerb, ou encore la petite Stella, qui sublime à mon goût !
Néanmoins on assiste à un montage et des effets de caméra un peu bancal.
Ici vous pouvez spoiler !
La séquence durant laquelle ils montent dans la fusée filmée en Go-Pro (mdr), caméra au corps en tout cas, est audacieuse, mais peut-être mal réussie ? Ou encore le décollage de la fusée, reel décollage qui est filmé par plusieurs caméras en simultané semble-t-il, mais encore faut-il les caméras adaptés ? La mauvaise qualité de la caméra se fait ressentir, et gâche cette scène si symbolique.
Alors pour conclure, ce sont les effets de caméras qui gâchent à mon goût le film, décision audacieuse mais de mauvais goût peut-être? Car jusqu’ici le film me plait beaucoup, et après avoir hésité entre 6 et 7, pour la démarche et pour la performance de Eva Green, également car j’ai bien aimé le film, j’ai mis un 7.
Je rajoute que c’est un film ambitieux, qui n’utilise pas à 100% son potentiel notamment pour les décors. D’ailleurs je suis également déçu qu’il n’y ait pas eu de scène dans l’espace, déjà très esthétique mais lorsque que le film est fondé également sur le thème de l’espace et qu’on n’y met même pas un pied, ça déçoit forcément une part du public. J’imagine qu’il y aurait eu un risque de se rapprocher trop d’Interstellar mais Mme Winocour aurait pu tenter.
On a déjà vu le très bon “Zéro Dark Thirty” réalisé par une femme, et quoi de mieux que de mettre des femmes derrière la caméra pour avoir de meilleures personnages féminins ??
Reflection possible avec les noirs ou les arabes, même asiatiques : pour avoir des personnages issus de minorités (car le cinéma n’est plus une affaire d’hommes blancs) qui soient crédibles et avec plus d’importance, je pense qu’il faut surtout plus de personnes issues des minorités derrière les caméras. Un scénariste se projètera dans ses personnages et écrira des rôles qui involontairement surement qui lui ressemble sur certains aspects, c’est humain, alors acceptons la diversité à la réalisation et à d’autres postes.
Alice Winocour nous offre un beau film avec des défauts mais très peu de film sont parfaits, malheureusement.
Créée
le 10 mai 2020
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