Le grand film de Peter Watkins

Punishment Park est peut-être le film le plus subversif de Peter Watkins. Il est évident qu'il est à resituer dans le contexte de son époque, à savoir le début des années 70, dans une Amérique en pleine crise, accentuée par la guerre du Vietnam.

Comme à son habitude, le cinéaste réalise une forme de docu-fiction pour étayer son propos. Acteurs amateurs ou inconnus, caméra portée à l'épaule, fausses interviews sont menées pour un film qui se veut très critique envers le système américain.

C'est surtout une oeuvre qui évoque une jeunesse désillusionnée dans cette Amérique en guerre, où la moindre pensée communiste était toujours chassée de plus belle, que les étudiants étaient jugés pour leurs manifestations, que la guerre du Vietnam était de moins en moins populaire, que le gouvernement de Nixon semblait en totale rupture avec la jeunesse américaine.

Peter Watkins assume totalement son parti pris et sa volonté de critiquer le système américain. Punishment Park est un document à charge où la justice, représentation parfaite du système, se montre totalement inique.

Mais ce qu'il ressort essentiellement des débats entre ces jeunes et le pouvoir, c'est le profond désaccord de convictions, de vision de la vie entre une jeunesse aux espoirs déchus par des fonctionnaires hauts-placés, coupés de certaines réalités.

Avec cette oeuvre, et en acceptant évidemment le côté assumé de ce document à charge, dans un contexte extrêmement trouble, Peter Watkins livre sans aucun doute son meilleur film.