Pure et pas mal d'anagrammes qui me titillent
"Pure", c'est l'occasion de constater que de bonnes idées ne font pas toujours de bons films, mais qu'une bonne interprétation peut néanmoins les rendre intéressants.
Une séance que j’ai vécue comme des montagnes russes avec une fin à la Destination Finale : alternance de bons et mauvais choix pour finalement ressortir déçue. Pourtant, le film part sur de bonnes bases : une narration qui correspond aux pensées de Katarina, le personnage principal, et qui nous plonge d'entrée dans l'histoire. On est happé par le mélange de colère et de beauté qui emplissent son âme, mais ... Mais voilà qu'après s'être présentée comme une œuvre sur la beauté et sur les êtres qui en comprennent l’essence, le film prend la tournure d'une romance pathétique sur fond de lutte des classes.
Le premier quart d’heure nous laisse découvrir une personnalité unique et à laquelle on s’attache rapidement : une jeune femme au tempérament débordant mais dont la lucidité et l’ambition illuminent son visage. Les prémices de l’histoire sont claires, et on se réjouit de la suite prometteuse quand le chef d’orchestre fait irruption, ou plutôt l’appel satanique de la solution facile.
On assiste alors au schéma habituel de l'aventure impossible : lui, marié et père, se jouant des sentiments de la jeune femme et elle, prête à tous les excès pour rester à ses côtés. Quelques clichés un peu irritants illustrent le tout et viennent gâcher le plaisir que l'on a à voir évoluer l'histoire dans le monde de la musique classique. Parce que oui, cet univers si peu abordé au cinéma est propice à de très belles images et d’agréables sensations. Mais j’ai eu beau lutter pour ne garder en mémoire que ces moments, l’inéluctable déroulement des choses m’a rattrapée avec la perte fatale de rythme du film.
C’est ainsi qu’après une bonne heure de pellicule, l'histoire prend à nouveau un autre chemin : celui de l'œuvre marginale et impertinente. Katarina sombre dans un état dont les actes, bien qu'on en comprenne les intentions, nous laissent perplexes et surtout, ne nous touchent pas. Jusqu’à la scène finale, un pseudo twist-ending à la suédoise (ça verse plus dans le social que dans l’irréel) pour lequel on n’a pas besoin d’être Sherlock pour en flairer l’aspect, la décadence de l’héroïne semble si opposée à la situation initiale qu’elle en est plus drôle que crédible.
Malgré tout, c'est un réel plaisir de voir évoluer le personnage, si bien interprété par Alicia Vikander. Elle est belle et ambigüe, on a envie de l'accompagner et c'est bien ce qui nous fait rester. Le film étant le premier de la réalisatrice Lisa Langseth, j’irais surement voir le prochain dans l’espoir de retrouver un sujet original et quelques belles images et de pouvoir dire qu’elle n’a pas reproduit ses erreurs.
La rencontre entre une jeune femme au caractère débordant et la musique classique est donc celle qu’il faut retenir au profit de la rencontre amoureuse qui, à défaut de combler le vide, chamboule une belle histoire.