Suite à une nuit qui a mal tourné dans un motel, un tueur (Bryan Cranston) se retrouve dépossédé d'un mystérieux paquet qu'il devait livrer à ses commanditaires. Il prend en otage la gérante de l'établissement (Alice Eve), une mère célibataire en proie à des difficultés financières, pour l'aider à le retrouver...
Forcément, "Quand tombe la nuit" attire l'oeil grâce à la seule présence de Bryan Cranston. Retrouver l'acteur dans un rôle très "heisenbergien" d'assassin glacial ne peut que nous raviver de bons souvenirs, d'autant plus que, derrière les lunettes teintées de son personnage dissimulant un handicap grandissant, l'interprète s'amuse souvent à faire ressortir une ou deux fissures de fragilité masquées par la froideur imposante du tueur à gages. Par ailleurs, il trouve ici une partenaire à sa hauteur en la personne d'Alice Eve, une actrice quelque peu sous-estimée, qui compose une héroïne parfaitement antagoniste. Sa fragilité à elle n'est en effet qu'une espèce de carapace due à sa situation précaire cachant une volonté de saisir la moindre opportunité d'offrir à sa fille une chance qu'elle n'a de toute évidence pas eu.
Cela se confirmera, le numéro d'acteurs découlant de la confrontation de ces deux-là sera la plus grande qualité de "Quand tombe la nuit" car, pour le reste, le long-métrage de Tze Chun ne va pas vraiment briller...
Malgré des débuts installant une ambiance de film noir imprégnée d'une aura de mystère plutôt prenante, l'intrigue va peu à peu s'enliser dans un unique ressort de "qui a/où est le magot ?" pour multiplier les twists plus ou moins inspirés. En plus de malmener la crédibilité de l'ensemble et des personnages qui étaient plutôt bien esquissés jusqu'alors (le comportement du policier interprété par Logan Marshall-Green en devient risible dans la dernière partie), ceux-ci n'auront jamais la force d'impact escomptée et donneront à "Quand tombe la nuit" des allures de thriller terriblement mineur ne disposant pas de la capacité de construire quoique ce soit de réellement consistant ou profond pour amener de la densité à son propos, impression d'ailleurs renforcée par la très courte durée du film (1h20).
Quand tombe le générique, il ne reste plus qu'un petit faux pas dans la filmographie de Bryan Cranston déjà presque instantanément oublié. La myopie de son personnage avait probablement dû déteindre sur lui à la lecture du scénario...