J'ai découvert ce film argentin (j'adore le cinéma argentin!) suite à sa restauration qui a été financée par une institution charitable américaine. C'est un grand film noir, un thriller adapté d'un livre policier qui date de 1938, écrit par Nicholas Blake, le quatrième à alimenter la série des 16 enquêtes du détective amateur Nigel Strangeways. Ce sont des romans policiers qui ont pour particularité d'être plein de rebondissements, de déviations aptes à perdre le lecteur au cours de leur découverte. De son vrai nom Cecil Day-Lewis, (père de Daniel) professeur à Oxford et à Harvard, et poète émérite anglo-saxon.
Ce film raconte la mort d'un personnage autoritaire, despote et méchant, qui met les membres de son entourage sous son autorité morbide. Au fil de l'histoire, tout les personnages qui gravitent autour (sauf sa mère!) pourraient avoir commis le crime. Puis dans un long flash back, on suit un personnage de l'entourage du mort qui a de bonnes raisons d'en vouloir à la victime: son fils a été tué dans un accident de voiture dont le responsable s'est enfui. Suite à cet accident, l'infortuné père se lance à la recherche de l'assassin de son fils lors d'une quête dont il laisse la trace dans un calepin qui l'accompagne tout au long du film et qui le mène chez le mort.
Quand on retrouve le présent de l'histoire, on peut enfin jauger des motivations des différents suspects que Nigel Strangeways rencontre et fait parler en dehors de l'enquête policière proprement dite...
Ce film est joué par une pléiade d'acteurs de très grande qualité. Guillermo Battaglia pour son rôle de la bête, Narciso Ibáñez Menta le père en quête de vengeance, tous campent à merveille les personnages qu'ils habitent. Et la mise en scène est remarquable, la photographie est soignée. Le rythme ne souffre aucun temps mort, un vrai régal de cinéphile...
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Par la suite, ce roman policier a été repris par Claude Chabrol en 1969 dans "Que la bête meure", une version plus plate, plus paresseuse, l'ayant vu après ce film argentin, mais plus respectueuse du scénario original. Et la télé anglaise en a fait également une adaptation #metoo en 2021 "The beast must die" éclatant le scénario original en une série de 5 épisodes qui à mes yeux dénature, dilue l'intrigue principale en un long pensum.
Cette version argentine du roman de Nicholas Blake a, et de loin, ma faveur.