Queen Kong est un bien curieux film qui revisite de manière parodique et féministe le King Kong de Merian C Cooper et Ernest B Schoedsack. Mais attention toutefois ne partez pas tout de suite, vous pouvez rangez vos crucifix et vos indignations sélectives engoncés dans vos jeans moule burnes, le film n'est pas une production Disney ou Netflix contemporaine et nul n'aura à s'indigner au nom du foutu progressisme, de ce satané wokisme et du féminisme castrateur post #Meeto qu'on nous ressort un petit peu à toutes les sauces. Et oui, même en 1976 on trouvait déjà des cinéastes pour venir titiller le patriarcat en transformant le mâle alpha de la jungle capable de monter des gonzesses au septième ciel version gratte ciel par la simple force du poignet en une gorille femelle les miches à l'air symbole de la révolte des femmes refusant le soutif. Queen Kong, petite production anglaise du réalisateur égyptien Franck Agrama ne sortira jamais sur les écrans, bloqué pour des questions de droits et surtout par Dino De Laurentis qui sortait cette même année sur les écrans son remake du film culte de 1933 et qui voyait d'un mauvais œil qu'un ersatz parodique vienne parasiter l'arrivée de son grfilm.
Queen Kong reprend l'histoire de King Kong mais en inversant quelques rôles, le réalisateur devient une réalisatrice rigide réputée pour sa difficulté à trouver des rôles masculins et la jeune actrice est remplacé par un type blond un peu abruti prénommé Ray Fay. Sur fond de féminisme, l'équipe de tournage uniquement composée de femmes va donc rapporter queen Kong à Londres laquelle va semer le trouble dans la capitale anglaise.
Autant le dire tout de suite Queen Kong et très con et très mauvais, mais le film est aussi plutôt réjouissant. Au bout d'un moment on ne sait plus très bien si c'est le film qui est drôle ou si c'est sa joyeuse nullité qui rend euphorique mais globalement on passe tout de même un bon moment et c'est bien là l'essentiel. Le film est une parodie avec pour structure principale le King Kong de 1933 mais viennent aussi se greffer des références à L'Exorciste, Tarzan ou au Jaws de Steven Spielberg avec un requin en carton portant un tablier et du rouge à lèvres histoire de rester dans le ton plus ou moins féministe du film. Parce que bon, il faut bien se dire que si l'on parle bel et bien de féminisme de manière parfois légère et d'autres plus revendicatives et que ça reste l'un des axes narratifs central du film on est aussi dans un féminisme de bonhommes (scénaristes et réalisateur) qui étrangement étale avec une certaine complaisance à l'écran des potiches qui dansent en bikini par paquet de douze … Mais revenons à l'aspect parodique du film qui comporte carrément une sorte de fausse publicité pour un produit ménager et une séquence dans un avion avec bonne sœur chantante et curé qui distribue des beignes faisant ouvertement penser à Airplane qui sortira tout de même quatre ans plus tard. Alors oui l'humour est pachydermique, mais moi ça m'amuse de voir des gens attendre le bus au milieu de la jungle, Queen Kong avec sa chaise géante et sa petite table avec une nappe à carreaux ou Tarzan être demandé au téléphone par Jane, le tout dans un joyeux bordel avec des personnages qui en font des caisses et des musiques à la Benny Hill.
Techniquement le film est assez affreux et les effets spéciaux , sans doute volontairement ringards, font passé le film de 1933 pour une œuvre ultramoderne. Transparences toutes moisies, dinosaures en carton , ptérodactyles en caoutchouc, décors et jouets miniatures, costume de singe miteux, on pourra pouffer ou soupirer devant la nullité des effets spéciaux mais moi je trouves ça finalement plutôt touchant et assez rigolo. Niveau casting le film est vraiment bon, dans le rôle de la cinéaste on retrouve le méconnue mais néanmoins très convaincante Rula Lenska et dans le rôle du candide Ray Fay dont queen Kong va tomber amoureuse on retrouve le comédien britannique Robin Askwith dont on a déjà croisé la tignasse blonde rocker dans La Tour du Diable ou La Griffe de Frankenstein. Ingénu et un peu con sur les bords le comédien se glisse dans la peau du personnage avec une évidente bonne humeur et le voir faire des œillades et des clins d’œil complice à cette femelle gorille mérite ce petit détour par la voie bis. Le film porte donc un message féministe un peu brouillon mais assez léger et drôle tout en appelant tout de même in fine les femmes à s'émanciper de leurs rôles de femmes au foyer et d'objets sexuels au service de gros porcs ; le tout pour venir sauver Queen Kong non pas traquée en tant que gorille géante mais en tant que femme forte que l'on a forcée à porter un soutif en latex. On aura aussi droit à une amusante séquence de comédie musicale paradoxalement filmé au niveau de la culotte avec une mélodie qui reste en tête et dont les paroles qui font : " Burn your bra / Burn you panties / Call your ma / Call your auntie / On the shipp off on the liberated lady " . La représentation de l'Afrique est quant à elle un peu plus étrange puisque l'on se retrouve avec un décor type village du club Med peuplé de type tout blanc en pagne et plus pâle qu'un anglais sur une plage bretonne son premier jour de vacance. On parle aussi une langue imaginaire faite de Onga bonga yaka booka saga mika filla que sera sera … Bref, niveau représentation de l'Afrique on est un peu moins en avance que sur le féminisme.
Queen Kong est une délicieuse kon(g)nnerie mais tellement foutraque qu'elle est à mon sens hautement recommandable. Après je suis un homme faible (une vraie gonzesse) je ne résiste pas au pouvoir érotique et hypnotique d'une gorille les miches à l'air en train de jouer avec des maquettes d'hélicoptère et une poupée masculine du haut de Big Ben.