Queer
5.9
Queer

Film de Luca Guadagnino (2024)

Je ne sais pas vraiment quoi penser du cinéma de Guadagnino.


On sent que c'est fait avec le coeur, que c'est une oeuvre très intime et personnelle, et tout comme son récent Challengers on a ici de grandes qualités esthétiques - superbe photo, quelques bonnes idées de réalisation et une bande-son fabuleuse (comme toujours avec Reznor et Ross).


Mais je n'ai strictement rien ressenti. Je trouve que sa mise en scène est grossière, en fait, parce qu'il n'y a quasiment pas d'implicite. Toute la forme a été vidée de subtilité ; toutes les envies des personnages, qu'on s'amuse habituellement à deviner, sont dites ou montrées ; toutes les idées de mise en scène visuelle sont au service d'une volonté de donner un aspect "bizarre" à l'oeuvre et ainsi coller avec le mot Queer, sauf qu'au final il n'y a plus rien d'étrange dans le fond. On ne perçoit quasiment plus le malaise à mesure que le film avance, puisqu'on nous l'impose, tout est dit à haute voix et montré dans des scènes délirantes mais surtout lourdes.


Pourtant, ça commençait vraiment bien : j'ai adoré les premières scènes, où on voit un Daniel Craig (très étonnant par ailleurs) déambuler dans les rues mexicaines en quête d'attention. On le sent désespéré, mal dans sa peau, à la fois trop à l'aise avec les autres et en extrême conflit avec lui-même. Mais plus l'histoire avançait, plus on perdait ces sensations, ces vagabondages, et on se retrouve au final avec deux personnages qui vivent une aventure rocambolesque mais où tout le charme avancé dans la première demi-heure disparaît à petit feu.


Maintenant, j'ai lu des critiques prônant l'extrême opposé, avançant que le film devenait de mieux en mieux - c'est probablement le genre d'expérience sensorielle qui nous touche fortement ou nous laisse sur le carreau. Très content pour ceux qui ont réussi à rentrer dans le délire du film, mais ça n'a pas été mon cas.


Pas mécontent de l'avoir vu toutefois, car c'est typiquement le genre de long-métrage original, bien mis en scène et photographié, dont on retient quelques grandes qualités même sans avoir aimé l'ensemble.

Saiko16
5
Écrit par

Créée

le 24 févr. 2025

Critique lue 27 fois

1 j'aime

1 commentaire

Saiko16

Écrit par

Critique lue 27 fois

1
1

D'autres avis sur Queer

Queer
Yoshii
7

The Formalist

A sa manière, et c’est probablement ce qui divise dans son cinéma, Guadagnino œuvre toujours à la frontière de l’impressionnisme, cherchant à imprégner l’imaginaire plus que le conscient, développant...

le 26 févr. 2025

24 j'aime

Queer
cadreum
8

L'obsession et le désir en exil

Luca Guadagnino s’empare de Queer avec la ferveur d’un archéologue fou, creusant dans la prose de Burroughs pour en extraire la matière brute de son roman. Il flotte sur Queer un air de mélancolie...

le 14 févr. 2025

22 j'aime

1

Queer
Cinephile-doux
5

Sexe, drogue et télépathie

Nul doute que la lecture de Queer, le roman autobiographique de William S. Burroughs, a fortement marqué Luca Guadagnino, alors adolescent. En recréant le Mexico des années 50 et la jungle...

le 25 janv. 2025

13 j'aime

1

Du même critique

Queer
Saiko16
5

Pas si Queer que ça

Je ne sais pas vraiment quoi penser du cinéma de Guadagnino.On sent que c'est fait avec le coeur, que c'est une oeuvre très intime et personnelle, et tout comme son récent Challengers on a ici de...

le 24 févr. 2025

1 j'aime

1

Dune
Saiko16
3

Non, non, non

Je peux comprendre les gens qui détestent l'adaptation de Villeneuve, mais j'ai beaucoup de mal à concevoir qu'on puisse apprécier celle-ci (autrement que par nostalgie, ou par fanatisme de...

il y a 3 jours

Godzilla
Saiko16
6

Si proche du chef d'oeuvre, et en même temps si loin

Sans l'ombre d'un doute, le Godzilla de Gareth Edwards est le film Kong ou Godzilla qui met le mieux en scène le gigantisme. Tout ce film nous appelle à l'humilité, nous rappelle à quel point nous...

il y a 3 jours