Queer
5.9
Queer

Film de Luca Guadagnino (2024)

Alors c’est un gars, d’habitude il fait James Bond. Il met tout le monde en joue à travers un diaphragme d’appareil photo argentique sur une chanteuse à voix qui hurle de bonheur en imaginant ses droits sacem, il saute sur des trampolines devant des fonds verts et honore des James Bond girls désabusées… Un jour, y’a un réalisateur qui filme des adolescnts maigrichons qui se font plaisir dans des pêches en faisant du vélo avec des amerloques pervers et désagréables qui l’appelle et lui dit qu’il va déconstruire son image en jouant un vieil inverti drogué et libidineux et que ça va faire un tabac. L’autre il a lu Stanislawski à l’envers, alors il dit oui et se lance dans la déconstruction. Et là, c’est le pompon: il grimace en tordant sa bouche, fume de manière inconsidérée, se pique et sniffe à qui mieux mieux, suce des éphèbes contre rétribution et leur roule des pelles la bouche pleine, profère des propos incohérents et échange avec des gigolos et des vieux beaux dont l’activité consiste à tapiner dans des bars interlopes dans un Mexico d’opérette… Au fil de ses pérégrinations, le gars rencontre un gomeux à lunettes plutôt apétissant et insupportable. Bon, on sent bien que James Bond tombe amoureux, ils ont des échanges sexuels pathétiques et dérangeants mais le réalisateur a l’air content… Le gigolo se traine aussi une rousse vulgaire, on ne comprend pas trop ce qu’elle fout là mais c’est la caution bisexuelle de l’histoire… Après, James Bond est tellement défoncé qu’il a des délires hallucinants et le réalisateur a dû se ruiner en godasses de luxe car il adore lui filmer les arpions richement chaussés, un pas, très lentement, puis un autre… On arrive au deuxième chapitre où ils partent en amérique du sud. Le gars, il a dû adoré jouer avec ses neveux au playmobil, alors il fait des autoroutes avec des Dinky toys et des petits navions, on dirait de la pâte à modeler. Bon, après il faut continuer à déconstruire James Bond, donc on a une scène très très longue de sevrage où il hurle, il a froid, il tremble sous des couvertures par quarante degrés à l’ombre et se blottit contre son micheton à lunettes qui commence à fatiguer… Après il va chez un docteur qui lui dit qu’il est trop drogué et qu’il faut qu’il arrête. Franchement, ça je pouvais le faire… Après ils vont à la plage et ils nagent sous l’eau sur une musique sirupeuse, on se dirait un peu chez David Hamilton. Le gomeux part au bord de la mer pendant que James se rend chez un botaniste qui lui dit que y’a une herbe magique qui va lui permettre de pratiquer la télépathie et qu’il va lui faire un plan pour y aller parce que ça va lui ouvrir de formidables horizons… Alors le réalisateur se dit que franchement l’autre est mieux en james Bond mais pour quand même le déconstruire un peu, il l’habille en Indiana Jones et l’envoie dans la jungle avec le micheton qui est revenu mais on sait pas quand… Et là, troisième chapitre… Y’a un serpent à sonnete qui leur saute dessus et une vieille qui les menace d’un pétard entre les deux yeux. Comme j’avais acheté de quoi faire une excellente bouilabaisse au marché ce matin et qu’il était déjà vingt heures, on s’est cassé… Si vous voulez savoir la fin, soit vous demandez à quelqu’un qui a eu le courage de rester jusqu’au bout, soit vous allez voir cette daube mais je vous aurai prévenus…


DanielStv
1
Écrit par

Créée

le 5 mars 2025

Critique lue 42 fois

Daniel Esteve

Écrit par

Critique lue 42 fois

D'autres avis sur Queer

Queer
Yoshii
7

The Formalist

A sa manière, et c’est probablement ce qui divise dans son cinéma, Guadagnino œuvre toujours à la frontière de l’impressionnisme, cherchant à imprégner l’imaginaire plus que le conscient, développant...

le 26 févr. 2025

33 j'aime

Queer
cadreum
8

L'obsession et le désir en exil

Luca Guadagnino s’empare de Queer avec la ferveur d’un archéologue fou, creusant dans la prose de Burroughs pour en extraire la matière brute de son roman. Il flotte sur Queer un air de mélancolie...

le 14 févr. 2025

31 j'aime

1

Queer
Cinephile-doux
5

Sexe, drogue et télépathie

Nul doute que la lecture de Queer, le roman autobiographique de William S. Burroughs, a fortement marqué Luca Guadagnino, alors adolescent. En recréant le Mexico des années 50 et la jungle...

le 25 janv. 2025

17 j'aime

1

Du même critique

Un couteau dans le cœur
DanielStv
2

Mais pourquoi Vanessa?

Alors y'a Vanessa Paradis... Elle est blonde platine et alcoolique... Et aussi Lesbienne... Comme boulot elle fait réalisatrice de Porno gay dans les années 70... Elle a une copine monteuse qui la...

le 21 sept. 2018

17 j'aime

5

Climax
DanielStv
2

Une petite Sangria?

Alors là c'est le pompon!!! Donc, y'a une nana qui marche dans la neige en hurlant sur une gymnopédie de Satie très décalée et elle s'écroule pour claboter en agitant les jambes et les bras... Après...

le 21 sept. 2018

16 j'aime

7

L'amour est une fête
DanielStv
3

Fau s'amuse...

Alors c’est Jack Lang qui dit qu’il regarde des films de boules mais que les scénarii sont pas très travaillés... Tu m’étonnes! Il est perspicace Jacky… Après y’a deux gars qui viennent d’ouvrir un...

le 22 sept. 2018

12 j'aime

4