Alerte ! Le Québec s’invite dans votre salon avec un court-métrage que vous auriez vraiment tort de rater. Ce court-métrage explosif, monté par Xavier Dolan, a remporté l’adhésion du public et raflé de nombreux prix et nominations en festival (Locarno, SXSW, Stockholm …).
Difficile de résumer le pitch du film sans dévoiler d’emblée toute la subtilité de la trame scénaristique : Sarah se retrouve un matin dans un lit qu’elle ne connait pas, sans aucun souvenir de sa soirée de la veille. De fil en aiguille, cette trentenaire désabusée va devoir affronter diverses situations qu’elle aurait préféré éviter, pour échouer finalement dans un enterrement de vie de jeune fille qu’on ne souhaiterait pas à notre pire ennemi.e. On devine que Sarah a bien du mal à trouver sa place dans les relations sociales qui caractérisent son quotidien, entre liaisons sentimentales instables et amitiés-fardeaux ; ironie du sort (ou peut-être symptôme révélateur), elle est embourbée dans une thèse « qui parle de l’identité – mais c’est difficile à expliquer ». Elle qui voudrait « faire quelque chose d’exceptionnel » se morfond dans l’aspect normé des conventions sociales autour d’elle – le piège de « l’ultra-ordinaire » contre « l’extraordinaire » dont elle rêve.
On doit ce petit bijou d’humour et de tendresse à Monia Chokri – qui était déjà une actrice formidable, notamment dans Les Amours Imaginaires de Xavier Dolan. La voilà pour la première fois de l’autre côté de la caméra, et on ne peut que saluer toute la finesse de la réalisation et du scénario : la scène de dispute, véritable acmé du film, est jouissive de violence libératrice et fait toute sa place à la vivacité de la langue québécoise.
Sans rien enlever au mérite de Monia Chokri, on se plaît aussi à remarquer les signes distinctifs de ce qui est désormais identifiable comme « la marque Xavier Dolan » (en tout cas pour nous-autres français). On y retrouve ainsi ses actrices fétiches, notamment (et surtout) Anne Dorval, dans un autre rôle de mère lunaire et attachante, mais également Anne-Élisabeth Bossé (Laurence Anyways, Les Amours…) et Évelyne Brochu (Tom à la ferme), de même qu’un sens du montage particulièrement efficace lors de scènes de groupe.