Voilà une pièce singulière qui s’amuse à brouiller les pistes de la réalité. En effet le personnage de Stéphane de Groodt se débat entre deux identités: celle d’Henri Schmitt, dermatologue luxembourgeois et libéral de son état, et celle de Jean-Claude Bélier. Tout ce que le spectateur voit sur scène, c’est le conflit intérieur du vrai Schmitt face à deux entités bien choisies ( la police et la psychiatrie) apparaissant ponctuellement pour le remettre en question mais aussi face à sa famille ( sa femme et son fils). En apparence absurde, Qui est Monsieur Schmitt? est une pièce bien plus retorse questionnant la capacité altérée d’un individu face à un trouble dissociatif et ses moyens de s’arranger avec la réalité.L’incohérence du départ se fait vertige au fur et à mesure du déroulement de l’action. Les cinq comédiens parviennent à livrer des performances habitées avec des ruptures de tons bien entretenues. L’unité de lieu étant réduite au salon des Schmitt, tout passe par les dialogues et les retournements de points de vue. Une expérience intéressante jusqu’àu final statuant sur le choix de Schmitt face à la vie. A voir comme un voyage contrarié pour arriver à un équilibre plus contraint par la nécessité de redevenir sain que par la volonté de ne plus emprunter les détours d’une conscience. Au bout du compte, Qui est monsieur Schmitt? fait plus réfléchir que rire mais sa proposition inédite reste remarquable.