Rabbit (2014) pose les bases de ce qui deviendra Nevada (2019) : espace carcéral, foi placé en l’animal comme compagnon de cellule du prisonnier, récit d’apprentissage et de conversion – physique, métaphysique. Laure de Clermont-Tonnerre synthétise et renouvelle l’œuvre de John Frankenheimer, Birdman of Alcatraz : elle investit la prison comme le lieu paradoxal d’une libération, d’une renaissance à soi et au monde permise par l’interaction avec un lapin qui possède une symbolique complexe, à la fois détenu dans sa cage – la majorité des plans sont d’ailleurs captés au travers de barreaux – et indépendant, capable de s’évader dans le couloir sans tenir compte des appels et menaces de sa colocataire. Il y a assurément quelque chose de sexuel dans cette domestication réciproque : le lapin est un mâle, la détenue une femme ; cette dernière finit par dormir en sa compagnie, contre l’avis de la psychologue. Une relation se crée, belle mais brève – le format du court métrage exige la brièveté – qui ouvre des fenêtres dans l’édifice au-delà desquelles voir le jour se lever. Une œuvre intelligente et maîtrisée.