Le cinéma de 2016 sera visiblement marqué par la sortie de 4 films adaptant une licence de jeu vidéo : Angry Bird, Warcraft le commencement, Assassin’s Creed et bien évidemment Ratchet et Clank qui sera le sujet de cette critique.


Avant d’être un remake sur PS4 et un film, il s’agit d’une licence de jeu vidéo sur les consoles Playstation qui a eu un succès commercial très conséquent puisqu’il a connu un grand nombre de suite et de jeu au fil des années, aujourd’hui encore un autre a vu le jour à la sortie de ce film en salle. J’ais joué aux 4 premiers jeux et en tant que gamer et cinéphile, le voir en film d’animation était une idée qui ne me déplaisait pas et avait de quoi avoir de la gueule… mais pouvait aussi être une énième merde qui adapte n’importe comment un jeu vidéo et qui finit par prendre son public cible pour une bande d'abruti attardé incapable de différencier jeu vidéo et cinéma.


Car on sait tous, j’espère, à quel point les adaptions de jeu vidéo sont réduit à des navets ou des nanars invraisemblable de nullité : entre Street Fighter l’ultime combat avec Jean-Claude Van Damme (meilleur nanar de jeu vidéo ever), la saga Resident Evil de WS Anderson (worst saga de navet de jeu vidéo ever), Lara Croft qui aura une seconde chance bientôt, les licences s’en sont très souvent pris plein la gueule pour le pire du pire. 4 exceptions seulement : Prince of Persia chez Disney, Silent Hill de Christophe Gans, Professeur Layton et la diva éternelle en animation et aussi Tekken Blood qui restent divertissant et honnête sans pour autant être des chef d’œuvres.


Ce qui n’est pas le cas de Ratchet et Clank… en fait, on aurait pu mettre l’étiquette Dreamworks au lieu de Sony, ça aurait été pareil. La BA avait de quoi refroidir amplement, c’était largement justifié quand on voit à quel point l’adaptation est foirée une fois de plus. Mais vraiment, c’est du niveau d’un Gang de Requin ou d’un En Route.


A commencer par les personnages qui n’ont, au final, aucun charme et vont de l’oubliable avec Ratchet dont le background est vite expédié et un capitaine Qwark qui perd toute crédibilité dans cette adaptation, à l’insupportable avec le docteur Nefarious à qui on a juste envie de lui dire TA GUEULE dés qu’il l’ouvre. Même la relation entre Ratchet et Clank relève de l’inintérêt puisqu’il est rapidement survolé pour passer à l’étape suivante de l’intrigue. Les quelques personnages secondaires que ça soit chez les Rangers ou les méchants n’ont pas grand-chose pour eux non plus : on a la nerd de service, la badass girl, le gros muscle sans cerveau, ou encore le second couteau du grand méchant habituel dont tout le monde se moquera une fois encore. Quant au président Drek, retirez la voix de Bernard Alane dans la VF, lui non plus n’est pas bien drôle et devient rapidement sujet à de la comédie hystérique.


D’ailleurs, en parlant du doublage, ça me permet de parler d’un autre détail qui me saoule pas mal au sujet des voix des personnages et qui semble se poursuivre avec Le Monde de Dory prochainement. En soit, elle est juste potable pour ce qu’elle a au niveau de ses comédiens : si certains comme Alain Dorval, Patrick Poivey et Bernard Alane sont toujours aussi géniaux à entendre, Christophe Lemoine ne fait que gueuler à chaque fois que Nefarious apparaît à l’écran et on a juste envie de lui trancher la langue à coup de hachette une fois que le climax arrive. Mais ce qui m’énerve vraiment, c’est la présence de Squeezie pour Ratchet qui annonce une nouvelle tendance qui risque vite d’arriver : celle de prendre des podcasteurs/youtubeurs qui se font un nom sur le net auprès des internautes pour des personnages dans les films d’animation. Ils n’ont non seulement aucun CV professionnel mais en plus jusqu’à présent que ça soit là ou dans Bob l’éponge : un héros sort de l’eau, il n’y a aucun vrai travail de doublage, on sait que ce ne sont pas des doubleurs spécialisé dans le domaine et ce ne sont pas des personnages qu’on a face à nous mais des amateurs qui font leur vie sur le net (y'a aussi Le rire Jaune pour une voix très tertiaire dans le lot).


Je ne râle pas sur la politique de prendre des célébrités ou des acteurs français pour la VF parce que, en principe, ça passe et certains font un très bon boulot. Mais des youtubeurs, non ça relève juste de la mauvaise blague tant il n'y a rien qui justifie leur présence au doublage français. Quant à Squeezie, il est juste très moyen et assez plat la plupart du temps. Et vu ce qu’on aura pour le prochain Pixar, c’est carrément alarmant.


La musique n’arrange pas vraiment les choses, entre les musiques pop bien relou qui sont ajouté (dans un univers de science-fiction intemporel je vous ferais dire) et les morceaux dénués d’imagination, impossible d’avoir la moindre immersion dans cette aventure de science-fiction aux allures de comédie.


Quant à l’univers du film, sachant que les jeux sont destiné à un public jeune, j’étais prêt à accepter que ça soit un peu gamin comme pour Star Wars : The Clone Wars, à condition que ça ait au moins quelques trucs développé correctement. Ratchet et Clank est un univers technologique avec ses planètes désertiques, toxiques, vertes, ses métropoles, ses galaxies, bref rien que le premier jeu a quand même du beau monde à faire voir et ne se sentait pas obligé de repomper le monde moderne pour devenir un piège à con. Pourquoi je dis ça ?


Parce que c’est ce que ce film fait en grande partie, sérieusement qu’est-ce qu’on a à foutre de savoir qu’ils connaissent youtube ou Tweeter ? Et surtout qu’est-ce que ça vient faire dans Ratchet et Clank ? Tout le côté zarbi et enfantin de l’univers perd son sens en faisant de la référence de ce style au monde moderne.


En plus, je me rends contre que même pour un film destiné aux gamins, il y a des trucs qui passent en jeu mais pas en film Live, à commencer par le nom des armes des rangers galactique qui ne retrouve pas le charme du côté nawak du jeu vidéo à ce niveau là. Et si l’animation reste potable en général, on a trop l’impression de voir un jeu vidéo lors des scènes de combats tant la caméra numérique bouge platement. Encore une fois, ça passerait si j’avais une manette entre les mains et si je jouais à un jeu vidéo (souvenirs souvenirs), mais en allant voir un film j’attends de voir un film qui tente de m’emporter autrement. Même le combat entre les rangers et les troupes du président Drek sont très molle (et trop court).


Ce manque d’inspiration et de bonne volonté de la part de l’équipe se sent, à cause de cela, également dans l’écriture et donc l’histoire. Grosso modo, d’après ce que j’ai compris, ce film est un remake de la licence Ratchet et Clank, je n’apprendrais rien concernant le principe du remake, sauf si ce n’est que le jeu vidéo qui sort au même moment fait de même. Et vu que le jeu vidéo est de l’animation, en film je continue à penser qu’il y avait moyen que ça marche. Professeur Layton et la Dive Eternelle était très fidèle aux codes du jeu vidéo et proposait, malgré cela, un divertissement qui ne prenait ni son public néophytes pour un idiot et encore moins les fans du jeu vidéo pour des demeurés car ça passait en animation et aussi en tant que film.


Sauf que là, non, on se donne pas le mal de faire une histoire crédible, histoire qui pue la daubasse dés l’ouverture avec un humour mal reprit et qui ne marche pas du tout dans la manière dont elle est exécuté. Le coup de l’alien sous-fifre qui Tweete et est prit sur le fait par Drek n’était déjà pas bien drôle en plus d’être du déjà-vu (disponible dans la bande-annonce), mais la présence de Nikos Aliagas pour même pas 2 minutes afin de doubler un personnage du nom de Nikas Aliagos, bonjour la créativité les mecs.


Quant au reste, on en fait une comédie d’action débile qui accumule les incohérences et stupidités dés les 10 premières minutes et au-delà (franchement, ça fait 4 planètes que Drek détruit et les rangers n’ont pas cherché de recrue plus tôt ? Et si le vaisseau que Ratchet a volé pour aller sur Kerwan permet d’attirer les robots en Raritarium de Drek, pourquoi pas Victor également ?). Sans compter que le rythme est beaucoup trop rapide pour sentir la moindre évolution chez les personnages ou pour qu’on s’y attache. Le pire reste le parcours du capitaine Qwark : dans le premier jeu, c’était déjà un traître qui se faisait passer pour un héros et collaborait avec Drek avant même sa première rencontre afin de se construire une image de super-héros aux yeux des habitants de la galaxie.


Ici, on part du fait qu’il est déjà un héros (d’accord, si vous voulez, jusque là pas de problème) et chef d’équipe dévoué à la protection de la galaxie et fier de sa célébrité.


Mais dés que Ratchet est admis chez les Rangers et qu’il tombe nez à nez sur Drek lors d’une mission, il passe du côté obscur sous prétexte qu’il est jaloux alors que ça ne fait, apparemment, même pas une journée que Ratchet est chez les rangers et qu’il n’a montré aucun signe de jalousie avant. Et si ça fait plus d’une journée que Ratchet a été formé, alors désolé mais là encore on ne le sent pas du tout, le rythme va trop vite et ne développe aucun rapport solide entre les personnages). Sa rédemption en fin de film est à crever de rire, puisque son parcours n’a pas de sens.


Donc, c’était le premier jeu vidéo adapté en film de l’année, et il est à caser parmi les autres adaptations raté de jeu vidéo raté en plus d’être un très mauvais film d’animation. Et il est difficile de dire quel sera le bilan de l’année pour le reste.
Angry Bird sent très mauvais rien qu’avec sa dernière bande-annonce et est parti pour prendre la même direction que Ratchet et Clank.
Warcraft : le commencement peut aussi bien être un film d’héroïc fantasy épique et spectaculaire qu’un nanar faisant une overdose d’effet numérique, ce que je n’espère pas puisque Duncan Jones n’a pas l’air d’un tâcheron de première au vu de ses deux premiers films (un moyen, et un franchement intéressant) même si il n’a fait que de la science-fiction.
Quant à Assassin’s Creed, c’est probablement le seul qui semble avoir un bon avenir pour sa sorti. Justin Kurzel ayant prouvé qu’il était un bon faiseur d’image avec sa version de Macbeth, aussi imparfait soit-il et sachant que Marion Cotillard et Michael Fassbender seront (à mon plus grand bonheur) les deux têtes d’affiche du film et ayant déjà travaillé avec le réalisateur australien.


Si vous voulez retournez faire un tour dans l’univers de Ratchet et Clank, jouez au jeu mais épargnez vous ce truc. Les gamers comme les cinéphiles ont le droit à bien mieux en termes d’adaptation de jeu vidéo au cinéma, c’est tout à fait envisageable, ça a déjà été fait.

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