Le retour des ravioli zombie discount.
S'il y a bien un truc auquel j'ai renoncé, ce sont les ravioli depuis quelques années. Je ne peux plus en avaler.
Le documentaire va chercher à travers l'Europe tout ce qui constitue la base des ravioli discount : boeuf, oeuf, cochon, tomates, huile d'olive et... le métal pour la conserve. Puis on a le droit à des portraits misérables de travailleurs apathiques avec des pianos-violons.
Alors... ça passe ou ça casse. Pour certains, ce sera de trop. Pour moi, le fait que ces souffrances existent et que le capitalisme organise par sa logique la surenchère sur les matières les plus essentielles aux besoins humains (je pense à Spanghero), cela devait être montré.
J'ai trouvé le mode de production relativement simple, comparé à certaines productions (étonnement sur la viande dont le parcours est très simple).
On insiste surtout sur le portrait des travailleurs, moins sur la qualité alimentaire.
Et puis, c'est toujours une question métaphysique de savoir d'où l'on vient mais aussi d'où provient ce que l'on consomme. Qui n'a pas, un jour, assis sur les chiottes, pensé à l'anchois minuscule, allongée sur une part de pizza, une anchois née six mois plus tôt, pêchée il y a peu par un bateau industriel ?
Au-delà de ce questionnement existentiel, et donc de la chasse d'eau, le documentaire est un photomaton des modes de production capitaliste. Il nous soumet un rendu à la fois moral et esthétique, comme si l'image cadrée et montée posait le propos, sans trop en amplifier la souffrance intrinsèque. Et puis, il y a par moment un décalage de la vie privée, des trajectoires avec leur appréhension de leur métier qui accentue le malaise et qui pourrait passer pour une démagogie (légitimée).
Ce qui me dérange un peu avec ce documentaire, c'est qu'il satisfera tous les anticapitalistes, des anarchistes jusqu'à l'extrême droite.
Si le documentaire était entré dans le qualitatif, dans le productivisme (sujet qui me fait râler mais pas comme on pourrait le penser), s'il s'était interrogé sur le "mondialisme", il aurait motivé davantage le questionnement. Il reste clairement en retrait de toutes les questions politiques fondamentales au profit du profil clinique des êtres humains qui subissent.
Je me pose la question si je note au-dessus de la moyenne (sous-entendu, qu'est-ce qui est important : qu'un film interroge ou qu'il interroge avec un sens ?)
Le documentaire est tellement beau et salutaire ; il est tellement un objet de curiosité venu de Finlande qu'il vaut forcément le coup de se poser des questions et, au mieux, de développer une certaine conscience sans jamais la définir.