Il y a de ces rendez-vous qu'on aurait pu manquer, mais sans lesquels la vie aurait perdu un peu de son sel. Bien qu'on n'en aurait pas eu conscience (forcément). De ces découvertes qui marquent, qui émeuvent et donnent une profondeur supplémentaire à l'instant présent.
Le visionnage de Realive en fait partie.


Ici scénariste et réalisateur, j'avais pu admirer le travail de Mateo Gil à plusieurs reprises, et il est assez fou et inexplicable que je ne me sois pas intéressée de plus près à sa filmo jusque-là... Car le scénariste de "La méthode", d'"Ouvre les yeux" (excusez du peu) et donc de "Vanilla Sky" n'a à ce titre, plus rien à me prouver.


Il nous propose cette fois un beau film indépendant, immersif et particulièrement sensible. Un savant mélange de SF intimiste, à la fois tangible et inquiétante - et une réflexion douce-amère sur la vie, le destin, de l'origine à l'avenir de l'humanité.
Ceux qui me connaissent savent que j'ai un intérêt particulier pour les films poético-philosophiques bien faits. Quand la narration prend tout son sens, et que l'écriture d'une finesse et d'une justesse m'amène littéralement à planer.


En décidant de se faire cryogéniser à l'aube de la trentaine, Marc choisit de quitter pour toujours un quotidien confortable et rassurant, des amis épleurés et des amours manqués...
Il se réveille 60 ans plus tard, et ne peut que constater l'évolution d'un monde où tout semble à la fois possible et à la fois programmé. L'émotion a laissé place au détachement, le romantisme n'est plus que souvenir d'une époque révolue et le désir se contrôle par auto-médicamentation.
Marc devra s'adapter à cette nouvelle vie, en faisant abstraction de ses émotions, et surtout, de ses souvenirs...


Ce film d'anticipation nous dessine un futur presque palpable, tout du moins cohérent avec l'évolution de nos technologies de tous les jours - et avec l'évolution de nos comportements de tous les jours. L'environnement que l'on nous propose y est écrit et développé avec beaucoup d'intelligence et d'analyse, on y croit, bien que le décor principal reste assez classique (univers aseptisé et froid, omniprésence d'écrans tactiles particulièrement intuitifs, ...). Les effets spéciaux restent minimes mais distillés avec soin.
Le soin de la réalisation par contre, est omniprésent.
Livré à lui-même et à ses souvenirs, Marc nous amène régulièrement à vivre une part de son histoire grâce au procédé de flash-backs particulièrement beaux. Une douce mélancolie s'évade de ces images, lumineuses et nébuleuses, entre rêve et réalité. La quantité de souvenirs ainsi dévoilés ajoute par ailleurs à l'authenticité de ce destin, et accroit la crédibilité de cette tranche de vie.


La musique, discrète, sait se montrer plus présente quand il le faut. On a ainsi droit à quelques poignants et émouvants morceaux, qui soulignent la puissance émotionnelle de telle ou telle scène.


Pour résumer, ce bijou du 7ème Art est lent, profond et beau.
Il m'a captivée par son intelligence et sa profondeur, peut-être est-ce parce que Marc et moi avons quasiment le même âge, et donc les mêmes réflexions, ou la même manière d'appréhender, d'observer, d'analyser la vie.... A mes yeux, ses méditations se révèlent véritablement être un hommage au genre humain, indéfinissable car complexe et si merveilleux...
Comme les émotions - comme les sentiments - comme notre rapport aux autres - ou comme nos souvenirs...

Super-Marmotte
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le 3 juin 2019

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