[REC]²
5.3
[REC]²

Film de Jaume Balagueró et Paco Plaza (2009)

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Ta mère suce des shotguns dans l'escalier

Un immeuble en quarantaine, un groupe de personnages hétérogènes, une étrange maladie infectieuse qui se transmet par morsure et tout ceci sous l'oeil d'une caméra à l'épaule.
Ca vous dit quelque chose ? Oui, dis comme ça c'est exactement la même chose que [Rec] premier du nom. Avec un concept aussi facilement identifiable comment faire pour ne pas se répéter ?
C'est la question qui a visiblement animé Jaume Balaguero et Paco Plaza, les 2 papas de la franchise, lorsqu'ils ont abordé cette suite. Je dis "visiblement" car il y a bel et bien tout un tas de choses qui ont changées pour cette séquelle.

La caméra tout d'abord, comment faire pour ne pas faire la même chose tout en gardant le principe de quasi temps réel filmé à l'épaule ?
En multipliant les caméras pardi ! Par le truchement de différentes technologies et de différents rebondissements nos réalisateurs arrivent à proposer, de façon naturelle, plusieurs caméras. La caméra reportage alternera ainsi avec des paluches montés sur des casques pour une vue encore plus subjective puis avec un caméscope amateur. Ainsi [Rec]2 propose quelque chose que [Rec] ne pouvait pas du tout proposer : varier les points de vue et jongler entre eux par le montage.
Si cette variation des points de vue est bénéfique au film on pourra légitimement être plus réticent concernant la justification de ces points de vues.
Dans [Rec] la caméra-personnage se justifiait naturellement par le postulat de base, à savoir une reportage qui se transforme en scoop. Dans [Rec]2 on subit des personnages énervants (les 3 jeunes dont l'exposition dans le film est assez pénible) qui filment juste pour s'amuser et qui n'ont plus de raison de le faire dès lors que leur vie est en danger tant ils sont handicapés par la caméra (kikoo je filme mon pote entrain de se faire tuer au lieu de l'aider ou même de fuir). Un syndrome Youtube agaçant mais qui ne dure heureusement qu'une petite partie du film.
Dans le reste du film on a un soucis d'un autre ordre puisqu'un des personnage n'arrête pas de répéter qu'il faut tout filmer et se voir répéter aussi souvent ce leitmotiv est assez lassant. C'est aussi la preuve que le procédé peine à se justifier par lui même. Il n'en devient que plus voyant et moins immersif alors que l'immersion est la base de la démarche.
Dommage même si l'efficacité demeure intacte via une mise en scène toujours aussi pointue de la part du duo Balaguero/Plaza.

Les thématiques ensuite. [Rec] se voulait comme une sorte d'héritier ibérique des films de zombies/infectés qui courent partout et qui mordent tout le monde. Là, tadam, on change tout puisqu'on troque nos reporters contre des policiers d'élites et nos zombies contre des possédés.
En effet [Rec] esquissait quelques vagues explications dans son tétanisant final et s'en tenait là. [Rec]2 prend ces quelques indices pour nous faire un cours magistral et tout nous expliquer de A jusqu'à Z. Et là, surprise, on fait directement intervenir le diable et un exorciste !
Les inféctés étaient auparavant presque des animaux, ils étaient brutaux et instinctifs. Désormais ils parlent, s'organisent, élaborent des tromperies, on n'a clairement pas la sensation d'être dans le même univers.

Un basculement pour le moins étrange tant la tension distillée en 2007 n'est plus la même et si [Rec] proposait une variation pertinente du film d'infécté [Rec]2, lui, peine à convaincre dans le registre du film de possession maléfique.
Il peine d'autant plus à convaincre que tous les poncifs du genre sont présent : Les mecs qui marchent au plafond, le sang qui brûle, les crucifix qui repoussent les âmes possédées, le diable qui parle à travers la bouche de ses victimes et les insultes grasses qui impliquent le vagin des mamans... le fameux "ta mère suce des bites en enfer" n'est ainsi pas loin.
Aucune distance n'est prise vis à vis du genre et voir ainsi s'accumuler les clichés avec la régularité d'un métronome laisse croire à une parodie.
Sentiment accentué par la tournure très action du film. [Rec]2 est, par rapport à [Rec], un peu ce qu'était Aliens, le retour pour Alien. Mp5 en mode full burst et fusil à pompe à la main une grande partie de nos protagonistes vont blaster du possédé.
Ce virage vers l'actionner est déstabilisant mais finalement assez ludique et divertissent. Au moins on n'est clairement pas dans la redite.

Caméra subjective + mitraillage de monstre ça vous fait penser à quoi ? Un jeu vidéo ? BIngo ! Le tandem Balaguero/Plaza prenait déjà quelques références à Resident Evil (les jeux hein, pas les mauvaises blagues au cinéma) mais ici on est clairement dans un hommage appuyé à Doom, spécialement le 3ème épisode avec ses séquences de tir subjectifs où les personnages galèrent avec leurs lampes torche. Il y a même l'inénarrable séquence où le personnage principal rampe dans un conduit d'aération, séquence indispensable au genre FPS depuis la sortie d'Half Life.
Tout bon joueur de FPS retrouvera ses marques dans les séquences d'action du film, plus que des clins d'oeil c'est presque une leçon d'adaptation tans-média.

Les influences jeu vidéo se retrouvent aussi, et de façon moins heureuse, dans le scénario construit comme celui d'un jeu vidéo classique. Les personnages vont d'un endroit à un autre pour trouver un item ou débloquer une porte, affronter un boss avant de passer au suivant.
Vous avez toujours trouvé très cons les boss de Zelda qui gardaient l'UNIQUE objet capable de les détruire dans leur PROPRE palais, bien en évidence ? Bah là le sentiment est un peu le même. Si le scénario de [Rec] n'était pas son point fort mais passait tranquillement, celui du 2 est clairement un handicap puisqu'il fonctionne sur ce mode un peu pénible pour finalement proposer un climax quasiment identique à celui du premier film.
non seulement il est quasiment identique mais, en plus, il propose un ultime rebondissement complètement gratuit puisqu'on se demande pourquoi il n'a pas eu lieu avant (au moment de l'apparition de la dernière caméra). En gros on assiste à une somme d'actions, de contraintes et de demandes pour qu'un personnage puisse accomplir une certaine chose... mais au final il la fait quand même alors qu'il n'a rien obtenu de ce qu'il lui fallait... pourquoi il ne l'a pas fait dès le départ ? Pourquoi donner le change aussi longtemps si c'est pour conclure par "de toute façon je n'en ai pas besoin" ?
Certes, la dimension supplémentaire qu'offre le plan final à l'histoire est sympa mais l'acheminement de cet aspect dans le récit est clairement boiteux.

Recycler semblait être la grande peur des réalisateurs de [Rec]2, ils ont explosé les barrières, tout chamboulé et la "prise de risque" est louable. Ceci dit le film est beaucoup plus bancal que son aîné et s'il arrive encore à distiller des moments forts grâce à une volonté tenace de ne reculer devant rien (c'est pas tous les jours qu'on voit un prêtre coller un headshot à un gamin !), il lui arrive aussi de franchir le pas du ridicule de temps en temps (la partie exorcisme et une séquence "fête nationale dans l'appartement" complètement WTF). [Rec]2 arrive encore à se savourer en mode bière/potes/pizzza mais guère plus.
La fin laisse clairement le champs libre à un futur [Rec]3 et si le couple de réalisateur continue dans la diversification de l'univers [Rec] on aura peut être droit à un croisement de James Bond avec Street of rage sur fond de Guerre des mondes. vivement... ou pas
Vnr-Herzog
6
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le 6 mars 2011

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