Rédemption s'inscrit dans la catégorie des westerns crépusculaires au même titre que John McCabe (Altman), La Porte du Paradis (Cimino) ou Impitoyable (Eastwood). Comme ses prédécesseurs fameux, il rend compte de ce moment où l'Ouest a basculé de la loi du colt et de Lynch à celle de la civilisation émergente et régulatrice (prenant ici la forme de l'arrivée du chemin de fer). Michael Winterbottom décrit avec beaucoup de talent et avec sa patte particulière, faite de sensibilité et de maîtrise, le bouleversement d’une petite ville sous la coupe d’un seul homme qui a fait fortune grâce à une infamie qu’il finira par payer (d’où le titre). Peter Mullan est prodigieux dans un rôle écrasant, Milla Jovovich est toute de grâce et de frémissement et Natasja Kinski apporte une touche de charme fragile qui - tout autant que l’arrivée du train - va faire évoluer le tyran sûr de son fait vers une humanité imprévue qui le conduira pourtant à sa perte. Un travail sérieux et solide, sans effet tape-à-l’œil, qui touche juste et séduit.