La section Anderson, vingt ans après
Un peu plus de vingt ans plus tard, Pierre Schoendoerffer se rend aux Etats-Unis pour rencontrer une petite partie de la section Anderson. Un travail de longue haleine a permis au journaliste, cinéaste et documentariste français de retrouver ces hommes. Deux ans de recherches pour savoir ce qu'ils sont devenus.
D'emblée, le positionnement de Schoendoerffer est expliqué clairement. Ce n'est pas un travail journalistique et il envisage bien plus ce documentaire comme un ami qui se confierait à un autre ami. Le cinéaste est évidemment passionné par son sujet et il ressent forcément énormément d'empathie vis-à-vis de ces hommes. Comme ancien soldat, Schoendoerffer sait ce qu'ils ont ressenti et vécu lors de combat. Et on sent que le cinéaste possède énormément de sympathie pour ces hommes.
C'est bien pour cela que j'apprécie son honnêteté quand il affirme d'emblée qu'il n'est pas dans un travail de journaliste. Alors Réminiscence, ça raconte quoi au fond ? La réinsertion parfois compliquée des soldats dans la vie civile? Les souvenirs de guerre enfuis et qui ressortent lorsque les différents hommes discutent avec le cinéaste? Le chemin que chacun a pris après le Vietnam ? C'est un peu tout cela, le film de Schoendoerffer.
Il reprend des images de La section Anderson et les intègre à nouveau dans ce documentaire pour nous rappeler qui ils sont lors du tournage de Réminiscence. On redécouvre le lieutenant Anderson, qui est devenu un directeur chez General Motors. L'homme a très bien tourné. D'autres possèdent une vie plus modeste. Certains ont été blessés après le documentaire de Schoendoerffer au Vietnam. Tandis que certains hommes ont encore eu moins de chance. Après le départ de l'équipe française, l'unité perdra six hommes au combat. Certains disparaitront, présumés morts.
A travers de très simples témoignages et confessions face à la caméra, on découvre le malaise de certains. L'un d'entre eux explique qu'il s'est senti nu lorsqu'on lui a repris son arme après son année de service. A son retour au pays, il décide d'acheter le même modèle. Il explique que l'arme est sa meilleure amie et que sans elle, il se sent nu. Un autre explique qu'il lui a fallu quelques années avant de pouvoir retourner se balader dans des bois.
Schoendoerffer profite aussi du tournage de son documentaire pour réunir ceux qu'il a pu retrouver. C'est la première fois qu'ils se revoyaient tous. De l'émotion dans ces images. Et encore plus lorsque le cinéaste leur fait découvrir La section Anderson. Certains rient de ce qu'ils voient, d'autres se montrent beaucoup plus émus.
C'est à travers des messages simples, en se montrant légèrement emphatique et surtout en montrant des hommes communs ayant vécu une histoire hors du commun que Schoendoerffer touche une nouvelle fois juste avec ce documentaire. Le fait aussi de redécouvrir des hommes qu'on a eu l'impression de connaître à travers un précédent film aide énormément à s'attacher. Car même vingt ans après, certains de ces anciens soldats subissent encore les ravages de la guerre.
