Pour être tout à fait franc, cette note est illégitime puisque j'ai quitté la salle au bout de vingt minutes, particulièrement énervé et affligé de cette débauche de clichés et de caricatures. Supposé être du cinéma du réel, le film est évidemment tourné caméra à l'épaule, au plus près des personnages qui ne m'ont jamais intéressé. C'est le genre de démarche qui me paraît aller à rebours de ce qu'elle est censée mettre en avant. Du faux politiquement incorrect.

Ne voulant pas rester sur un échec, et m'appuyant sur les critiques presse globalement unanimes, je suis retourné voir le film, pensant que j'étais peut-être lors de la première vision dans de mauvaises dispositions. Après l'avoir vu cette fois en intégralité, je persiste et signe dans mon opinion initiale. Admettons que le film carbure à une certaine énergie, ce que souligne une caméra extrêmement mobile, s'épuisant et nous épuisant à filmer les visages au plus près, en très gros plans étouffants. Admettons encore qu'il s'agisse d'un conte (Sabrina et les 40 lascars) et qu'il ait pour ambition d'aborder la cohabitation problématique entre arabes (rebeux) et noirs (renois, négros,...). Mais, hélas, la dialectique que voudrait enclencher et propager Rengaine tourne rapidement à vide, du fait même de la brièveté des scènes cantonnées aux échanges agressifs et caricaturaux entre les deux communautés. Le film finit même par être roublard (la séquence du tournage dans un sordide sous-sol) s'amusant à brouiller les pistes - peut-être par jeu, peut-être également par assèchement de l'inspiration, car au final le film s'avère d'une pauvreté plutôt affligeante. Donoma - sorti il y a un an, reposant sur le même dispositif et une économie de la débrouille - malgré ses imperfections et ses exagérations proposait un regard plus subtil, une approche plus fouillée où justement la rhétorique, parfois irritante et fatigante, mais aussi jubilatoire et intelligente, trouvait une véritable place. Dans Rengaine, la succession de vignettes semble dresser le panorama exhaustif de la culture africaine à Paris. C'est quelquefois drôle et opportun, c'est cependant la plupart du temps sans grand intérêt. Quant à l'issue du film, elle parait quasi inappropriée, sans fondement logique, révélant au passage une insuffisance flagrante d'écriture.
PatrickBraganti
1
Écrit par

Créée

le 14 nov. 2012

Modifiée

le 20 nov. 2012

Critique lue 695 fois

4 j'aime

1 commentaire

Critique lue 695 fois

4
1

D'autres avis sur Rengaine

Rengaine
aria
6

Le paradoxe à la mode

Un bravo pour ses acteurs qui bouleversent , pour cette histoire jamais traitée comme le dit si bien le réalisateur une mise en lumière de ceux qu'on ne regarde jamais, pour ce tabou à la fois...

Par

le 18 nov. 2012

7 j'aime

5

Rengaine
melissab
7

Critique de Rengaine par melissab

Du cinéma, fait avec peu de moyens. Et pourtant on ne se rend compte de la galère qu'a dû être la collecte de fonds qu'au générique tant le réalisateur, Rachid Djaïdani, a tout pensé : sa façon de...

le 10 déc. 2012

4 j'aime

Rengaine
PatrickBraganti
1

Critique de Rengaine par Patrick Braganti

Pour être tout à fait franc, cette note est illégitime puisque j'ai quitté la salle au bout de vingt minutes, particulièrement énervé et affligé de cette débauche de clichés et de caricatures...

le 14 nov. 2012

4 j'aime

1

Du même critique

Jeune & Jolie
PatrickBraganti
2

La putain et sa maman

Avec son nouveau film, François Ozon renoue avec sa mauvaise habitude de regarder ses personnages comme un entomologiste avec froideur et distance. On a peine à croire que cette adolescente de 17...

le 23 août 2013

91 j'aime

29

Pas son genre
PatrickBraganti
9

Le philosophe dans le salon

On n’attendait pas le belge Lucas Belvaux, artiste engagé réalisateur de films âpres ancrés dans la réalité sociale, dans une comédie romantique, comme un ‘feel good movie ‘ entre un professeur de...

le 1 mai 2014

44 j'aime

5