Une chouette découverte, il ne lui manque qu'un petit truc pour être vraiment mémorable mais en l'état ce film est une proposition solide et pour ne rien manquer, du haut de ses 90 minutes compressées, il est emballé à un rythme d'enfer.
Ce qui marque en premier lieu c'est sa photographie très expressive, faite de noir et blancs contrastés, à l'extrême même lorsqu'il est question de mettre en scène des flashbacks. Un parti pris qui divisera sans doute, mais qui a pour intérêt de donner à l'image une identité marquée, même si forcément, une telle radicalité fait que l'impact généré s'étiole peut-être, il est vrai, un peu sur la distance. Vers la fin du film, les gimmicks photographiques qui m'avaient enthousiasmés pendant la première demi-heure m'ont donné l'impression de devenir routiniers (toujours au ras du sol, à filmer les pieds, ou en décalage de cadre souvent) ce qui fait que je n'ai pas pu m'emballer davantage pour le résultat même si je trouve la prise de risque on ne peut plus respectable et souvent au service du film (on a vraiment l'impression d'être invité dans le récit tout en en restant à distance).
C'est dommage parce que sinon c'est du tout bon. L'histoire se déroule progressivement, tout est limpide puisque le puzzle une fois reconstitué est très simple mais néanmoins percutant, parce que le propos exprimé s'avère être sacrément singulier je trouve (que ce soit en 1968 mais toujours aujourd'hui à vrai dire). Le point de vue très particulier dont il est question ici concernant la thématique de l'agression sexuelle est étonnant à mon sens, et très efficace dans le cas présent puisque personnellement je ne l'avais pas anticipé.
Bien aimé la prestation de Makoto Satô et les seconds rôles ne sont pas aux fraises, sa dulcinée notamment crève l'écran. Non vraiment c'est un film solide qui passe pas loin de se hisser plus haut dans mes préférences. Finalement c'est peut être sa farouche volonté formelle d'être remarquable qui le dessert, ainsi qu'un final un peu maladroit : l'histoire d'amour qui se joue en parallèle du revenge movie dont il est question n'est-elle finalement pas de trop ?
Histoire d'affinité sans doute, de mon côté je trouve qu'elle complexifie inutilement l'intrigue mais ce sera propre au jugement de chacun. J'engage les amateurs de japonaiseries à l'ancienne à se forger leur propre opinion, ce film mérite la découverte.