Resident Evil est la série la plus populaire de Capcom, devant le mythe Street Fighter. Une série imbibée de cinéphilie qui a logiquement eu les "honneurs" de l'adaptation cinématographique. Oui, je met les "honneurs" entre guillemets car là où Shinjni Mikami s'inspire ouvertement de George Romero (qui réalisa un film promotionnel pour Resident Evil 2 et fut longtemps attaché à l'adaptationcinématographique) ou de la mise en scène des classiques de John Carpenter avec son utilisation du champs/hors-champs pour susciter la terreur; c'est, contre tout attente, le très incapable Paul Anderson qui se charge du portage sur grand écran. Dans un premier temps comme réalisateur puis simplement au poste de producteur afin de se laisser le temps de massacrer d'autres licences.
Le résultat tout le monde le connait: c'est Milla Jovovitch qui fait du Kung Fu contre des chiens numérique ou qui affronte un Nemesis en plastique. Lamentable et consternant. Certainement conscient de ce viol, Capcom reprend les choses en main et s'occupe directement d'une nouvelle adaptation audiovisuelle de ses aventures zombiesques, dans l'optique de la promotion virale de Resident Evil 5.
-Zombie, zombie, zombie, must be funny...
Comme vous l'aurez remarquer assez vite, cette fois ci on ne s'encombre pas d'une cocaïnomane anorexique pour (mal) interpréter le personnage principal et on fait tout directement en 3D. On en profite pour vraiment placer les héros (du moins certains puisqu'ils sont nombreux) des jeux au coeur de l'intrigue et non plus en guise de friandises, aussi délicieuses fussent elles à l'oeil (Sienna Guillory en Jill Valetine, miam).
Forcément ce qui saute tout de suite aux yeux c'est l'aspect graphique du film et il faut bien reconnaître que c'est pas spécialement encourageant: visages figés, animation raide, niveau de détail assez bas... C'est pas le même budget qu'un Pixar et ça se sent.
Cet aspect ne manquera pas de choquer dans pas mal de situations, particulièrement celles où la mise en scène sollicite les émotions des personnages à coup de regards ou de gros plans. Ressentir quelque chose devient alors bien difficile. Même si cela ne constitue pas l'essentiel du film on ne peut que se trouver désolé que certaines ambitions cinématographique du film soit bêtement limité par des considérations techniques. Passé le choc visuel et le temps d'adaptation on peut rentrer dans le film proprement dit.
Resident Evil: Degeneration a la mission simple, et pourtant complexe, de combler/préciser les lacunes scénaristiques de l'épisode 4 et de faire le lien avec le très proche cinquième opus. En gros Umbrella Corp. est morte mais ses fondateurs profitent du chaos mondial pour disperser le T-Virus et ses descendants en les vendant à des terroristes forcément mal intentionnés. Pour lutter contre cela Claire Redflied et Leon Kennedy ont choisis deux voies différentes, celle du militantisme pour elle et celle des armes pour lui, mais qui vont se rejoindre. Ensemble on est plus fort; c'est beau comme message d'espoir.
Évidemment l'histoire n'aura pas vraiment d'intérêt pour le néophyte, même si il y a moyen de suivre l'intrigue sans trop en souffrir, il loupera tout de même trop de subtilités pour véritablement apprécier le film.
Du point de vue strict de l'histoire le film à le mérite de combler quelques trous, on sait ce qu'il est advenu du Virus-T et du Virus-G, on a une idée plus précise des implications de chacun dans les événements de Racoon City (la ville du raton laveur donc, ce qui fait un peu pitié il faut bien l'avouer) et le nouveau venu de Resident Evil 5, Tricell, est introduit à la trame sans que cela soit trop dérangeant. La fonction de fan-service est donc bien remplie même si le film est avare sur certains points. L'aficionado trouvera là une histoire qui comblera la plupart de ses attentes avec une certaine cohérence avec le reste de la licence.
-Hasard biologique
Néanmoins c'est bien gentil de faire un film bouche-trou-fan-service encore faut il que l'ensemble ait une certaine tenue. Rassurez-vous on est très très très très très loin des purges produites par Paul Anderson. Le film prend l'orientation action qu'à subit la série depuis Resident Evil 4 (même si Resident Evil 3 portait déjà en lui les germes de cette transformation) et on assiste donc à une série B à tendance pétaradante mais pas trop.
Au rayon des bonnes choses on soulignera la réalisation, solide même si très stéréotypée, la caméra appuie bien l'action, le montage est précis et même si certains effets de mise en scène un peu tape à l'oeil surgissent de temps en temps ils ne sont pas aussi gratuit qu'ils en ont l'air. On est loin du syndrome Advent Children avec sa caméra folle et indigeste et son montage paresseux. On aurait juste aimé plus de sang et de sensations vraiment forte pour venir appuyer certaines séquences.C'est toujours délicat de voir un film orienté horreur sans trucs horribles dedans.
Mais fidèle à ses mauvaises habitudes Capcom chute, comme d'habitude chez eux, le scénario. On le sait depuis longtemps les créatif de la firme nippone coupent leur coke avec des trucs pas clean et accouchent d'histoires et de scénarios dont on se demande encore comment elles ont pu être validées en haut lieu.
En gros le film est coupé en deux et si la première partie conserve une certaine unité et une efficacité tout à fait agréable il n'en va pas de même avec la seconde. Entre une trahison qu'on voit venir à des kilomètres à la ronde, une histoire qui fait du stand by pendant une demie heure au profit d'un remplissage par l'action et des incohérence contextuelles juste flagrantes (kikoo la zone super protégée où tu rentre comme dans un moulin, kikoo que je te retrouve ta trace sans que l'on puisse savoir comment) on ressent très nettement une baisse de qualité sur ce second segment qui peine d'ailleurs à se raccrocher avec le début. Ajoutons à cela une grandiloquence dans les décors et les situations qui alourdi l'ensemble sans que cela apporte véritablement quelque chose à l'histoire ou plus simplement au film.
Le métrage n'en sort pas grandi de cet aspect bicéphale tant la différence de soin et de traitement apportée aux deux partie saute aux yeux malgré les nombreux clin d'oeil (qui deviennent, à force, les seuls ressorts de narration, dommage) destinés aux fans.
Reste néanmoins les musiques reprenant les thèmes et atmosphères de la série vidéo-ludique. Cela fera plaisir aux oreilles attentives même si dans les faits elles se révèlent un peu plates.
-Le Resident Evil des générations futures ?
Le pari n'était pas gagné d'avance mais pourtant Capcom réussit enfin à offrir un film potable à sa licence la plus juteuse.
Malgré un tableau noirci par une technique dépassée et une seconde moitié de métrage complètement ratée : Resident Evil : Degeneration évite d'être aussi nul que 99% des autres productions cinéma adaptée de jeux vidéo et ça fait du bien.
Évidemment le film est avant tout un bouche-trou scénaristique entre deux épisodes d'une saga et il a trop tendance à ne se réduire qu'à ce simple argument. Cependant ce film, respectueux de l'univers de la franchise, est à moitié réussis ce n'est finalement pas si mal lorsque l'on est un fan de Resident Evil.
Les autres pourront tenter par curiosité mais n'en attendez pas trop.