Return
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Film de Liza Johnson (2011)

Liza Johnson, artiste et vidéaste issue de l'Ontario College of Art and Design, écrit et réalise ici son deuxième film après FernWeh – The opposite of homesick : Return. Ce second opus a déjà été remarqué au festival de Cannes par ses quatre nominations : Caméra d'Or, Prix Europa Cinéma, Prix SACD et l'Art Cinema Award. Il concoure à présent au festival de Deauville. Se rajoute à ce remarquable parcours un synopsis attrayant qui semble nous promettre un film d'auteur fin, dont la force résiderait dans le jeu d'acteur. Les apparences sont parfois trompeuses.Si nous pouvons facilement lui trouver des qualités, ce film, malheureusement, n'en reste pas moins fade.

Une déception qui trouve sa cause principalement dans l'écriture des personnages et surtout dans celle du protagoniste principal, Kelli, une femme qui revient du front. La construction de ce personnage semble se proclamer « subtile ». Nous pouvons estimer que les interminables silences et l'inaction la plus totale ont pour mission de définir les émotions de Kelli. Je veux bien l'admettre théoriquement, mais il y a un gouffre entre un personnage qui est triste et qui dit « je suis triste », tout en l'écrivant sur son journal intime que nous voyons grâce à un gros plan explicite... et un personnage au visage neutre durant 1h30. Justement, Return opte pour cette seconde voie. C'est un choix. Un choix qui offre à ce long-métrage une apparence intellectuelle. Ainsi, les nombreuses nominations qu'il a reçu ne sont pas une surprise. En réaction aux déclarations de Liza Johnson qui cite notamment Taxi Driver comme l'une de ses influences, certains écriront même que Return est un « Taxi Driver au féminin ». Et à mon sens, c'est excessif. Nous sommes très loin de l'œuvre de Martin Scorsese.

Tout simplement, le film est ennuyant. Ennuyant parce qu'il tente de trop bien faire. Ennuyant parce que l'actrice n'exprime rien, ne dit rien, ne vit rien. Impossible de s'attacher à ce personnage et ce, malgré la forte proximité de la caméra sur Kelli. En parallèle, les actions de son mari (Michael Shannon) sont un peu excessives : lui qui n'a pas attendu sa femme du front, qui a trouvé une maîtresse, saute sur la première « faute » de sa femme pour divorcer et avoir la garde de ses enfants. En tant que spectacteur, je suis propulsée d'une certaine manière, comme Kelli, dans un monde que je ne comprends pas et qui ne me comprend pas. Néanmoins, il était agréable de retrouver pour la seconde fois cette année durant le festival de Deauville Michael Shannon (Take Shelter). Un acteur remarquable qui nous prouve qu'il sait tenir des rôles foncièrement différents.

Bien évidement le message est clair: la direction d'acteur donne un certain sens au film, traduit plus ou moins bien le traumatisme d'une guerre (ou est-ce pour éviter de prendre le risque de tenter une approche plus complète?) et se déclare indubitablement « film intimiste ». Ce temps qui parait mort, en décalage avec soi même, respecte à priori les « émotions » de Kelli. Mais tout cela ne semble que la copie d'un bon élève qui sait donner du sens à on film grâce aux images, aux rythmes et à la direction d'acteur. Mais ma question est: le cinéma doit-il être apprécié en tant que quête de son propre langage ou pour le plaisir qu'il peut procurer? Le débat reste ouvert...
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le 8 sept. 2011

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