Peine perdue, Ritchie : la supercherie est trop évidente. Revolver n’est qu’une misérable arnaque.
Truand de première catégorie, Jack Green (Jason Statham) apprend qu’il ne lui reste plus que trois jours à vivre car il est atteint d’une redoutable maladie du sang. Alors qu’il ne lui reste que 72 heures à vivre selon les médecins, deux usuriers franchement louches proposent au pauvre Jack leur protection en échange de toute la fortune accumulée du condamné.
Sur ce postulat de départ aussi nébuleux qu’invraisemblable, Guy Ritchie tente de construire une intrigue d’arnaqueurs arnaqués sur fond de manipulation psychologique émaillée de fusillades. Si l’idée de départ peut paraître séduisante, elle est à l’origine d’un film absolument détestable qui n’a de cesse de perdre le spectateur dans un dédale psychologique totalement foireux et vain. Il ne reste plus qu’à autopsier le dernier Guy Ritchie, une œuvre qui se tire une balle dans le pied à force de prétention et de faux élitisme intello tout à fait répugnant.
Avec Arnaques Crimes Et Botanique puis Snatch, le turbulent réalisateur anglais a démontré un certain talent pour emballer des films légers, dynamiques et généreux en morceaux de bravoure comiques. De ce point de vue, Revolver constitue l’antithèse même de ces deux petits bijoux. Au programme : citations philosophiques assénées avec un sérieux déprimant (« On devient plus malin uniquement quand votre adversaire est plus malin que vous », « Vous trouverez votre ennemi toujours là où vous l’attendez le moins », « si j’étais chauve, j’achèterais moins de shampooing ? »), BO qui convoque quelques classiques pour soutenir des scènes rigoureusement inutiles, dialogues pompeux qui fait penser que tous les personnages lisent Descartes, Nietzsche et Marx depuis l’âge de trois ans. Le tout servi sur fond d’intrigue rigoureusement incompréhensible où chaque péripétie aboutit sur une impasse.
On comprend bien qu’il y a une vague histoire de vengeance, de meurtres, de règlement de compte, de dédoublement de personnalité mais qui ? Pourquoi ? Comment ? On ne saura rien ou si peu. Certes, pour une fois qu’un film n’insulte pas l’intelligence du spectateur en cherchant systématiquement à rendre l’intrigue lisible, on ne devrait pas se plaindre. Mais à ce niveau de nombrilisme prétentieux on se dit que le réalisateur mérite quelques claques. En effet, Guy Ritchie semble totalement fasciner par son propre trip philosophique new age. Le problème, c’est qu’il est bien le seul et que le pauvre spectateur devra prendre son mal en patience pour survivre à presque deux heures d’un délire psychédélique (des éclairages rouges et bleus tout à fait hideux) aussi introspectif qu’un Bergman sous valium.
Sans modestie aucune, le réalisateur affiche en plus une arrogance incroyable face à des emprunts évidents qui, au contraire, auraient mérité de faire profil bas. Entre une séquence animée en 3D (franchement pas terrible) tout droit sortie de Kill Bill, une sous intrigue de tueur très Pulp Fiction, Revolver pompe toute la mythologie du film de mafia selon Martin Scorsese en marchant sur les terres de Fight Club. Il ne reste alors qu’à se raccrocher à deux scènes de fusillade assez intenses et quelques fulgurances de style représentant à peine dix minutes sur un métrage de presque deux heures. Le reste n’est qu’une perte de temps et d’énergie où des comédiens en roue libre (pauvre Ray Liotta) cabotinent à souhait quand ils ne semblent pas perdus dans leur propre rôle.
Oubliant complètement le plaisir du spectateur, Revolver est un ovni cinématographique froid et hautain qui regarde le spectateur de haut afin d’accéder au rang «de-film-incompris-par-un-public-trop-con-pour-accéder-à-un-chef-d‘oeuvre-aussi-profond» Peine perdue, Ritchie : la supercherie est trop évidente. Revolver n’est qu’une misérable arnaque.
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Auteur : Wesley