Conte sombre pour adulte de la vilaine fée Ozon
La trompeuse bande annonce de Ricky pourrait laisser penser qu'il s'agit d'un joli conte pour enfants bleu layette. Or la tonalité du film est nettement plus sombre et il s'adresse clairement davantage à un public d'adulte (quoiqu'il reste accessible à de plus jeunes spectateurs).
Ozon réalise un film mélancolique et même douloureux sur la maternité. Sur cette incapacité de Cathy (Alexandra Lamy) à redevenir femme et amante après avoir enfanté.
Sur l'écueil à saisir la singularité de son enfant et sur la difficulté à en accepter la différence. Puis sur l'incapacité à couper le cordon pour le laisser enfin voler de ses propres ailes (au sens littéral, cette fois).
Mais c'est aussi un film cruel sur la mort et l'impossibilité d'une mère à faire le deuil d'un enfant. En effet, comment, en voyant ce bébé ailé, ne pas penser à ces statuettes d'angelot que l'on voit peupler les cimetières agenouillés sur les tombes de petits cadavres, la fin du film, à ce titre est assez claire.
Car Ozon n'a pas oublié ce que beaucoup ne veulent plus considérer aujourd'hui: on dit toujours qu'une femme donne la vie, alors qu'il serait plus approprié d'affronter l'idée qu'en réalité, elle donne la mort, car c'est bien cela qu'elle transmet, en définitive.
Ozon, une fois de plus, réalise un film plus subversif qu'il n'y parait dans ce glissement progressif du réalisme social vers le fantastique, jusqu'à en devenir plus inquiétant qu'on l'aurait cru, et de glisser à nouveau vers la plus prégnante des mélancolies.
Alexandra Lamy s'y dévoile, absolument épatante... et bouleversante.
Un très beau film !