On ne comprend pas vraiment les raisons qui ont poussé le réalisateur et son équipe à transposer le roman de Daniel Defoe en film d’animation. Était-ce pour prouver que certaines histoires ne meurent jamais ? que la survie demeure un thème universel, et très à la mode aussi ? que l’animation franco-belge peut rivaliser avec les grands studios américains ? Quoi qu’il en soit, l’adaptation de 2016 manque de ce sel qui fait le charme et surtout la puissance des œuvres Pixar : le personnage principal (Robinson) est d’une fadeur incroyable, à l’instar de tous les êtres humains présents. Il n’y est d’ailleurs nullement question de survie – ce qui est pourtant central dans le récit originel –, seulement d’une guéguerre contre de vilains chats. Passés ces problèmes, le film propose un beau divertissement axé sur la générosité et le burlesque de ses animaux. À vrai dire, on a davantage l’impression d’assister à une suite des As de la Jungle qu’à une œuvre à part entière. Mais ne soyons pas trop mauvaise langue : pas de message pompeux à l’horizon, pas d’amourette éculée, seulement l’histoire d’une rencontre, simple, belle et émouvante. Drôle aussi. Finalement, ce Robinson Crusoe dispose bien d’une patte particulière : se saisir d’un récit vu et revu pour se dégager du convenu et en explorer les coulisses, à savoir la cohabitation du naufragé avec la faune environnante. D'autant que le film suit la focalisation des animaux, et non de l'homme. L’animation, magnifique, contribue au plaisir de visionnage. Alors pourquoi pas !