Romance mécanique

Dans un futur proche, l'humanité confie ses tâches les plus ingrates à des robots humanoïdes rudimentaires mais, sur le marché noir, une gamme bien plus perfectionnée permet à certains acquéreurs d'avoir un double afin d'échapper au poids du quotidien.

Fils dilettant d'une famille riche, Charles fait ainsi passer le comportement irréprochable de son sosie robotique pour le sien auprès de ses proches, de ses collègues au travail... Et, surtout, l'utilise pour draguer des jeunes femmes avant d'intervenir lui-même pour profiter sexuellement d'elles.

Mais, lorsque sa route croise celle d'une croqueuse de diamants, elle-même propriétaire de ce type de robot pour ses arnarques, les ennuis commencent...

Rares sont les romcom SF, encore plus celles dotées d'un concept sympathique que "Robots" dévoile au cours de sa première demi-heure plutôt réussie, où les révélations et quiproquos complices avec le spectateur s'enchaînent pour mettre ses deux héros face à l'irresponsabilité totale de leurs agissements respectifs et, évidemment, sur la voie d'un inévitable rapprochement amoureux dans l'adversité.

Les sourires sont là, Shailene Woodley et l'acteur/humoriste britannique Jack Whitehall s'éclatent visiblement à camper aussi bien le caractère irrévérencieux de leurs personnages manipulateurs que leurs pendants robotiques subitement submergés d'émotions humaines et "Robots" démarre donc a priori sous les meilleurs auspices en vue d'une cavale romantique, légère et dynamitée par cette donne SF susceptible d'offrir des situations plus inédites qu'à l'accoutumée.

Et puis non... Du moins, pas grand-chose en réalité. Une fois son idée forte dévoilée, "Robots" s'épuise rapidement, mettant trop vite ses robots à l'arrière-plan (il aurait sans doute fallu les laisser évoluer à l'écran à parts égales) pour privilégier leurs modèles humains qui, eux, vont prendre le chemin le plus évident du "je t'aime moi non plus" en apprenant à se connaître et à s'enrichir mutuellement pour grandir (un peu). "Robots" en devient dès lors trop mécanique, voire parfois un peu rouillé en ressorts et gags de romcom, ne pouvant que compter sur la bonne humeur dégagée par ses deux interprètes et quelques situations mieux senties que la plupart dans une intrigue paresseuse, peu soutenue par les apparitions répétitives de seconds rôles lourdingues (celui de Paul Rust amènera néanmoins un rebondissement plutôt drôle en bout de course) et un maigre discours critique envers la droite conservatrice américaine (le parallèle entre clandestins/robots serviles).

Le dernier acte relèvera un peu le niveau en remettant justement les robots au centre des débats, tout autant en termes d'humour que de péripéties pour le couple en devenir, mais, paradoxalement, cela ne fera que traduire notre désintérêt croissant pour les personnages humains de cette romcom désormais réellement supplantés dans leur propre film par leurs doubles artificiels plus amusants à suivre.

Dommage, le concept et l'enthousiasme communicatif des deux acteurs valaient mieux que cette amourette au final insignifiante.