Quoi ma gueule ?
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Guillaume Canet fait sa crise de la quarantaine. À l’heure où la comédie française ne brille pas par sa qualité, l’acteur-réalisateur français revient au cinéma avec une réalité-fiction, après l’émotion dégoulinante de ses Petits mouchoirs et l’échec commercial de Blood Ties. Pour se relever, le Petit Prince du cinéma français mise sur un scénario sous forme d’autoportrait critique et dérisoire poussé à son paroxysme. État des lieux.
Complaisance et entre-soi
Cette comédie qui se veut jusqu’au-boutiste et totalement déjantée tourne rapidement court, et la mayonnaise de prend pas. Jamais. Face à cette farce amère - sorte de mise en abîme complaisante de sa propre vie – le malaise s’installe rapidement. Et à mesure que les minutes défilent, la gêne devient béante. Il y a quelque chose de profondément dérangeant à voir Canet se filmer en train de faire le pitre pendant près de deux heures. C’est parce que dans ce faux documentaire burlesque, la mise en situation de cette petite vie parisienne bourgeoise, faussement dérisoire, autocentré sur ses petits problèmes d’ego et ses soirées champagne, pose un réel problème de décence.
Qu’est-ce qui pousse aujourd’hui une célébrité à nous parler de sa vie de la sorte, filmer les copains, en pensant que ça pourrait avoir un réel intérêt ?
À cela, Guillaume Canet répond, lors d’une conférence de presse, qu’il « voulait faire un film sur l’image que les gens peuvent avoir de nous, de soi-même, et parler de cette société dans laquelle on évolue, très recentrée sur elle-même, qui se regarde beaucoup, qui va même jusqu’à se prendre en photo. Le selfie est tout de même assez parlant. » Une réflexion critique comme un miroir de sa propre dénonciation. Le petit entre-soi du cinéma français où l'on fait jouer les copains, à encore du pain sur la planche. Le serpent se mord la queue.
Faussement rock, totalement ringard
Outre cette complaisance, l’humour poussif et l’enchainement des blagues ringardes viennent alourdir un tableau déjà bien pauvre. Entre son mal de testicules et Marion Cotillard qui parle québécois pendant 45 minutes, le spectateur a également le droit de voir Johnny Hallyday vouloir « allumer le feu » parce qu’il à froid dans son grand manoir, et Kev Adams jouer mal pendant sa seule minute d’apparition, ce qui ne l’empêche pas d’être le quatrième nom sur l’affiche. Toute tentative comique tombe à l’eau.
On occultera la deuxième partie du film - en roue libre totale et au mauvais goût constant - à la demande de Monsieur Canet, qui ne souhaite pas en révéler l’intrigue.
Cette bouillie indigeste et mégalomane vient confirmer que Ne le dis à personne et son césar du meilleur réalisateur n’était qu’un heureux accident. Et ce n’est pas le matraquage promotionnel et médiatique en œuvre depuis un mois - à coup d’Instagram « égratignant » le couple Canet-Cotillard et l’omniprésence de Monsieur Cotillard (surnom présent dans le film) sur le petit écran - qui changera les choses. Pour le renouveau de la comédie française, on repassera. En attendant, fuyez !
Créée
le 17 févr. 2017
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