"Rock The Kasbah" fait incontestablement partie de ces films que l'on adore déjà avant même de les découvrir.
Il y a tout d'abord le nom de Barry Levinson qui attire notre attention : après de surprenants (et réussis) détours cinématographiques comme "The Bay" et "En toute humilité", le cinéaste touche-à-tout revient à un genre qu'il connait sur le bout des doigts, la comédie.
Puis, on découvre cette liste d'acteurs prestigieux à provoquer des ulcères de jalousie chez n'importe quel directeur de casting en pleine gloire : le nom désormais mythique de Bill Murray que l'on meurt d'envie de découvrir à nouveau dans un énième rôle de loser magnifique (il le fait tellement bien aussi, ce génie !) et le reste de la distribution impressionnante : Zooey Deschanel, Kate Hudson, Bruce Willis, Scott Caan ou encore Danny McBride.
Enfin, le sujet du film est on ne peut plus séduisant en s'inspirant -plus que librement, certes- du jour où Setara Hussainzada, une jeune afghane, a transgressé toutes les traditions de son pays pour réaliser son rêve de participer à "Afghan Star" (l'équivalent de notre "Nouvelle Star").
Bref, tous les astres semblent s'être alignés pour nous assurer un bon moment de comédie sur fond de tolérance et le début du film ne va faire que confirmer nos attentes.
On ne va pas se mentir : si vous adorez Bill Murray, la première partie de "Rock The Kasbah" va vous régaler !
Dans son rôle d'imprésario raté au passé soit-disant glorieux, le comédien fait le show en empilant les répliques sarcastiques et les références musicales. Mieux, lorsque le personnage décide par désespoir d'emmener sa jeune protégée chanteuse (Zooey Deschanel) en tournée en Afghanistan, le film joue habilement avec le choc des cultures que peut représenter l'arrivée d'Américains lambdas en pleine zone de guerre. Dans la lignée du très sympathique "Whiskey Tango Foxtrot" avec Tina Fey situé dans le même contexte, les situations franchement drôles s'enchaînent au même rythme de ses pérégrinations dans un Kaboul explosif et de ses rencontres plus absurdes les unes que les autres (un mercenaire dur à cuire rêvant d'écrire ses mémoires (Bruce Willis), la prostituée la plus demandée de la ville (Kate Hudson) ou encore un duo de trafiquants fêtards (Scott Caan et Danny McBride)).
À mi-parcours et à la suite d'un hasardeux concours de circonstances, l'imprésario, perdu dans un village en plein désert, découvre la voix d'or d'une jeune pachtoune dont l'ambition est de participer au plus grand concours de chant télévisé du pays malgré les contraintes des coutumes locales. Bizarrement, c'est en abordant le coeur de ce qui va être son sujet que "Rock The Kasbah" va le plus nous décevoir en oubliant toutes les bonnes promesses de son départ tonitruant.
À partir de ce moment, le film va complètement oublié d'être drôle en délivrant son message féministe, bien entendu très honorable, sous une avalanche de bons sentiments moralisateurs et de facilités déconcertantes. Le rythme devient alors décousu, certaines séquences carrément expédiées (les ultimes instants) et la plupart des seconds rôles célèbres sacrifiés lorsqu'ils ne disparaissent pas purement et simplement au bout de quelques scènes.
En fait, le principal souci de "Rock The Kasbah" est de finalement utiliser le contexte afghan si particulier comme d'un simple prétexte pour ne délivrer qu'une comédie typiquement formatée à l'américaine avec ses codes si calibrés et sans la moindre once de surprise.
Le numéro de Bill Murray et la BO blindée de morceaux cultes nous permettent d'arriver au bout du spectacle sans trop de dommages mais, au vu de ses premiers instants et de tous ces grands noms réunis, "Rock The Kasbah" n'en demeure pas moins une amère déception en passant complètement à côté de son potentiel.