Pas le paradis.
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Pour son premier long-métrage, Lola Quivoron a choisi pour sujet la Bikelife.
On y suivra Julia, une jeune charo mordue de 2 roues, seule activité qui la fasse sourire tout au long des 110 minutes de Rodéo.
Alternant entre prises de tête au sein de son foyer qu'elle quitte, de lutte et d'affirmation au sein de son nouveau clan, de joie pure derrière le guidon ainsi que de vols de motos, la jeune réalisatrice permet au spectateur d'explorer plus en profondeur un univers parallèle qu'on ne connait qu'en surface.
Évidemment, un minimum d'ouverture d'esprit est nécessaire pour ce qu'on pourrait s'arrêter à qualifier d'activités illégales et crapuleuses, avec des personnages qui ne mériteraient que la prison.
Mais en suivant Julia, l'idée qu'on s'en fait change très rapidement au cours de son tout premier vol. Pourquoi n'aurait-elle pas le droit, elle aussi, à profiter de la sensation de liberté produite par la conduite d'une moto ? En quoi le fils à papa, qui se fait priver de ses 2000 balles de la vente de sa moto, mérite-t-il plus ses sensations que notre anti-héroïne ?
On roule constamment sur la ligne d'une moralité indicible.
Dommage que les propos de la réalisatrice aillent trop loin en interview. Ils pourraient rebuter plus d'une personne à la découverte de son œuvre sur une thématique difficilement acceptable au premier abord, ou encore pire lui prêter une mauvaise interprétation.
Une fois passée la frontière de sa propre déontologie, on entre rapidement dans la communauté qui se met en place. On y découvre la solidarité dans la meute de laissés-pour-compte, l'entraide malgré les soupçons constants envers une jeune inconnue et la lutte des rivalités d'une violence inouïe, chacun pouvant se faire piquer sa place si meilleur se présente.
L'émancipation de Julia, femme dans un milieu testostéroné à bloc, va de paire avec sa joie de vivre, à contre-courant des bimbos d'un côté, et d'Ophélie séquestrée par un mari, commandant les opérations à distance. Rodéo, ce sont des histoires qui se croisent dans un carrefour bordélique. Tout pourrait se passer comme sur des roulettes dans une société équitable, jonchée d'une signalisation qui ne privilégierait pas l'un ou l'autre. Ici, nous assisterons à une confrontation où les véhicules roulent au diapason, se frôlent, se font face et/ou se crashent.
Bravo Lola Quivoron, excellent travail ! Attention à ne pas le gâcher en dérapant face aux médias qui ne demandent que ça. Cela dit, les sorties de route sont parfois nécessaires : tout buzz est bon à prendre qu'il soit positif ou négatif, il attire les foules. Attention toutefois à ce que ces dernières ne soient pas juste présentes pour vous lyncher.
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Créée
le 10 oct. 2022
Critique lue 14 fois
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