Tout le monde connait Cristiano Ronaldo le footballeur, la machine à gagner, le bosseur, l’ambitieux, mais connaissons nous l’homme ? Très peu au final, et ce documentaire se plaçait apparemment comme tel, nous plonger dans son cocon familial, le voir partager des petits moments avec son fils, l’entendre se confier sur ses secrets les plus enfouis … Personnellement je ne suis pas fan de CR7, ce n’est pas nécessairement l’archétype de joueur qui me fait rêver, trop narcissique et obsédé par son image, j’attendais donc de ce petit film qu’il me réconcilie en quelque sorte avec lui, avec la personne qu’il est au delà du prisme sportif, de me convaincre que tout cela n’était qu’une façade.
Le début du doc balance tous les clichés que nous avons du mec, obnubilé par le Ballon d’Or (récompense devenue grotesque depuis la réappropriation du trophée par la FIFA), la guéguerre avec Messi, l’égocentrisme, la vie dans le luxe, en plus d’une courte rétrospective de la Décima glanée par le Real en mai 2014, gloire à Ronaldo quoi, hala Cristiano ! Et l’aspect mise en scène ne met pas franchement à l’aise par moment, on sent que c’est calculé, comme lorsqu’il passe du temps avec son fils, ce qui pouvait être rendu attendrissent par une simple captation en plans séquences s’en voit découpée de partout pour créer un épisode cinégénique, on perd la substance émotionnelle pour privilégier le format, clairement. De même globalement je trouve le cadre un peu trop léchée pour paraitre authentique, tout a du mal à sonner juste, le côté reportage aurait je pense dû être davantage mis en valeur, mais c’est à l’image du joueur, c’est du clinquant.
Les images d’archives sont heureusement là pour nous raconter une histoire, car son présent est tellement froid et inintéressant il faut dire, il est plutôt sympa de revoir ses chevauchées et dribbles de son époque MU, là où il était un phénomène en devenir, de ses débuts au Sporting sous les yeux bienveillants de son père disparu en 2005, cette anecdote est certainement la plus touchante du documentaire d’ailleurs, on perçoit la pudeur de l’homme, loin de l’inoxydable robot. Le type a continué dans son travail forcené et ainsi exorciser cette période difficile pour sans doute devenir le joueur et le père qu’il est, tout en restant très proche de sa famille, mais ce qui m’a frappé, et c’est d’ailleurs le point qui m’a le plus troublé, c’est que malgré sa popularité il parait très seul et renfermé, comme il le confie lui même il a peu d’amis. Si ce n’est Jorge Mendes, son trublion d’agent, personnage tout à fait pénible au demeurant, complètement factice dans sa communication, son speech lors de l’anniversaire de son poulain est lunaire.
Mais la vraie question est belle et bien : quel est l’intérêt du projet ? Car oui Cristiano Ronaldo n’a que 30 ans et n’a pas terminé sa carrière, bien qu’il soit sur la pente descendante il doit lui rester encore 2-3 belles saisons à réaliser, alors pourquoi sortir ça maintenant ? Le péché mignon de trop pour montrer au monde qu’il est plus qu’un joueur de football ? Avait il pour ambition de forcer le destin pour repasser une couche de polish sur sa propre coquille plaquée or de superstar mondiale ? À mon sens oui, mais encore une fois c’est révélateur du gars, l’égo bling bling entre ses Audi et son jet privé d’étaler son humanisme pour prouver à se détracteurs qu’ils ont tort, mais désolé pour lui rien ne fait illusion, le constat est même à la limite de la propagande. Comme le fait d’éluder certains points plus obscurs comme sa relation tumultueuse avec Irina Shayk ayant étalée au grand jour ses multiples infidélités, de ce fait on le voit toujours seul avec son fils dans le film, comme si il avait été abandonné alors que c’est évidemment faux, mais bon on a bien saisi que rien ne doit entacher le monument portugais.
Le documentaire est raté car manquant beaucoup trop de recul, d’objectivité et de sincérité, c’est un objet uniquement à sa gloire, davantage réalisé pour ses fans, les nuancés comme moi ne pourront que rester perplexe face à cette volonté purement forcée de pseudo rédemption par les paillettes et les filtres chics et complaisants. Malgré quelques petits instants informatifs je ne comprend pas l’utilité du dossier, si ce n’est une énorme pub pour précocement passer à la postérité, comme si il voulait nous faire croire que sa vie et son parcours sont assez atypiques pour s'inscrire parmi les plus grands dans l'histoire du ballon rond, mais il n’en est rien, on ne retiendra que ses statistiques, le symbole du football moderne, froid et aseptisé. Rendez nous Maradona !